Procès à Genève18 ans de prison requis contre le mari comploteur
Le procureur Johan Droz a requis lundi une peine de 18 ans de prison à l'encontre du mari qui a tenté d'assassiner sa femme en février 2012 à Chêne-Bougeries (GE) en utilisant les services d'un tueur.

Le procureur réclame 18 ans de prison contre l'homme qui avait voulu faire tuer sa femme par des tueurs à gages.
Le procureur réclame au Tribunal criminel de Genève des peines de 18 ans pour le mari qui voulait éliminer son épouse et de 16 ans, 15 ans et 13 ans à l'encontre des trois complices.
Le représentant du Ministère public a décrit le mari comme le maître à penser du projet criminel. L'homme de 57 ans a agi selon lui avec lâcheté et par appât du gain. Il a fait le choix de priver ses propres enfants de leur mère. Il nourrit une haine à l'égard de sa femme et sa collaboration à la procédure a été nulle.
Aux yeux de Johan Droz, le mari, banquier de profession, doit être reconnu coupable d'instigation à tentative d'assassinat. Il a aussi demandé aux juges de se montrer intransigeant à l'encontre des complices qui ont participé à la machination.
Le tueur à gages et son acolyte, engagés par le mari grâce à un intermédiaire, doivent être sévèrement punis. Le procureur a requis 16 et 15 ans de prison pour ces deux Kosovars.
L'intermédiaire qui a eu pour mission de trouver les deux hommes de main connaissait la victime. «Il a voulu la mort d'une amie en échange d'argent», a souligné Johan Droz. Le magistrat n'a requis qu'une peine de 13 ans de prison à son encontre, car ce prévenu a collaboré à l'enquête et a admis l'intention homicide du mari.
Une affaire hors normes
Il n'est pas fréquent de trouver une intensité criminelle de cette ampleur, a fait savoir le procureur. Il n'est pas fréquent non plus de rencontrer une machination aussi minutieuse d'un crime, a-t-il ajouté, en se référant aux mois de préparation nécessaires à l'opération, avec de multiples repérages à la clé.
Le procureur a estimé que les quatre accusés étaient pleinement responsables de leurs actes. Le mari a bien indiqué souffrir d'une dépression au moment des faits. Un argument que le représentant du Ministère public a balayé, soulignant que la maladie n'avait pas empêché l'accusé de se lancer dans de nouvelles affaires en Russie.
L'argent, mobile de la tentative d'assassinat
Le mobile de la tentative d'assassinat est l'argent, selon le procureur Johan Droz. Le couple n'était pas d'accord sur les conditions de son divorce. La femme ne voulait pas partager les acquêts. Le mari, qui avait connu des déboires professionnels avec la déconfiture Madoff, avait de son côté besoin de liquidités.
Les faits remontent à un soir de février 2012. La victime, de retour d'un séjour en Autriche, franchit le portail de sa propriété à Chêne-Bougeries. Alors que tout est sombre, elle se fait violemment agresser dans son jardin par un homme imposant, qui l'étrangle et la roue de coups.
Le mari se trouve à ce moment précis dans la maison. «J'ai l'absolue conviction qu'il a vu sa femme se faire agresser», a déclaré le procureur dans son réquisitoire. Il est sorti sur le perron de sa villa avec une arme et son bulldog seulement après avoir vu partir le tueur et n'avoir plus entendu de bruit dans le jardin.
Il n'a pas actionné l'alarme et a dit par la suite avoir été victime d'un cambrioleur. Tous les protagonistes de cette affaire étaient persuadés juste après les faits que la victime était morte, a insisté Johan Droz.
Le procès se poursuit avec les plaidoiries des avocats jusqu'à mercredi. Le jugement du Tribunal criminel est attendu vendredi.