éditorial2015-2019, les riches heures d'une législature
Après quatre ans d'une politique plus à droite, la pauvreté a augmenté en Suisse. Quelle sera l'ampleur du retour de balancier? Rétrospective subjective.
- par
- Eric Felley

S'il fallait retenir une image forte de cette législature, c'est bien la nomination de Viola Amherd à la tête de l'armée. Ici le 23 février, elle assiste à la Coupe du monde de ski à Crans-Montana.
Le Parlement entame ce lundi la dernière session de cette législature 2015-2019. C'est une période qui ne fut pas sans surprise, à commencer par l'élection de Viola Amherd (PDC), succédant à Doris Leuthard et devenant la première femme à prendre la tête de l'armée suisse. Avant elle, Guy Parmelin avait aussi créé la surprise en succédant à Eveline Widmer-Schlumpf après les élections de 2015. Peu d'observateurs auraient misé un jour leur dernière chemise sur ces deux-là...
De la magie...
Il y a une part d'imprévu dans la politique suisse, mais toute relative. Ainsi en 2015, le peuple avait donné un signal en votant pour un Parlement plus à droite au Conseil national. Une bonne année plus tard, ce même peuple refusait sèchement le projet de réforme fiscale RIE III portée par tout le camp bourgeois. Puis le Parlement acceptait du bout des lèvres (à une voix près) le projet de Prévoyance 2020 d'Alain Berset, mais celui-ci échouait devant le peuple. Finalement le Parlement a joint les deux sujets et le peuple a accepté la réforme fiscale des entreprises et le financement de l'AVS. De la magie typiquement helvétique...
Pendant ce temps, la pauvreté augmente
2015, c'était hier… A l'heure de clore cette législature, une soixantaine de parlementaires sur les 246 sont déclarés partants. Avec les départs involontaires, le Parlement s'apprête à un gros coup de sac et partant une redistribution des cartes. La force de frappe de l'UDC et du PLR ne va pas sans une certaine arrogance qui, semble-t-il, a lassé une frange de l'électorat. Quelle sera l'ampleur du retour de balancier ? A voir. N'oublions pas que durant ces quatre ans, la pauvreté a augmenté en Suisse passant de 6,7% à 8,2%. Les inégalités de fortune et de revenus se sont creusées. Tous ceux qui se sentent oubliés par la prospérité se disent que cela pourrait bien changer.
Des Romands en souffrance...
Durant cette législature, le Parlement a aussi vécu quelques événements inattendus comme l'affaire Yannick Buttet, qui l'a poussé à démissionner après une violente campagne en Suisse alémanique. Un autre Romand a eu aussi son heure de gloire. Pierre Maudet est venu à Berne avec une énergie extraordinaire pour conquérir le cœur des Alémaniques. Mais la suite, on la connaît, le Parlement lui a préféré Ignazio Cassis. Puis le Genevois a été pris dans son affaire d'Abu Dhabi et tout le monde s'est demandé ce qui se serait passé s'il avait été élu au Conseil fédéral...
Un mouvement perpétuel
Après quatre ans, la Suisse se porte globalement bien, voire mieux pour les classes supérieures. Pourtant, certains de ses politiciens demeurent hypocondriaques et voient la maladie partout, de l'effondrement de la planète à l'anéantissement identitaire du pays.... Loi sur le CO2, avions de combat, immigration, congé paternité, tel est le programme copieux de cette session. Mais tout ce qui sera voté est susceptible d'être modifié par le nouveau Parlement. La politique suisse est un mouvement perpétuel. Les gens passent, les dossiers avancent ou reculent, c'est selon.