Politique500 000 Genevois, ça suffit?
Un lanceur d'initiatives genevois veut «préserver la qualité de vie» du Canton en s'attaquant à la démographie. Il prépare un texte, «500 000 c'est bien assez!!»
- par
- Lucie Fehlbaum

Jean Barth n'appartient à aucun parti politique.
Jean Barth, citoyen engagé et serial initiant, vient à peine de tourner la page des Fêtes de Genève qu'il esquisse déjà son prochain projet: lutter contre l'explosion démographique du canton liée aux multinationales qui contribuent à densifier Genève, selon sa feuille d'intention intitulée «500 000 c'est bien assez!!» Le projet vise, comme son nom l'indique, à limiter la population à 500 000 habitants mais ne concerne ni les naissances, ni les migrants. «Les conditions fiscales exceptionnelles de notre canton attirent des entreprises et leurs employés, soit 5000 à 8000 nouveaux habitants par an. Ça n'est pas naturel, déplore Jean Barth. On construit pour eux à grands frais et cela joue sur les prix du marché.»
Un constat qui manque de nuance, selon Stéphanie Ruegsegger, directrice de la Politique générale de la Fédération des entreprises romandes. «On dit que les multinationales prennent des logements, mais elles apportent aussi plus de 1 milliard de recettes fiscales directes et indirectes par an! Beaucoup de gens de la région travaillent dans ces entreprises. Si elles nous quittent, ce sont des emplois que l'on perd.»
Le projet dit «non à cette fuite en avant». Il en irait de la qualité de vie, de l'environnement et de la santé des habitants de Genève, «quelle que soit leur origine ou leur situation socio-économique. La saturation du trafic pollue, le déclassement de zones villas et agricoles abîme la nature et la faune», souligne Jean Barth. Le conseiller d'État Vert chargé du logement et de l'aménagement, Antonio Hodgers, ne souhaite pas s'exprimer tant que l'initiative n'est pas déposée.
«Un discours ambigu»
Sur la décroissance et l'écologie, l'initiative pourrait séduire une partie de la gauche. Mais «le piège serait de tomber dans le populisme, à l'image d'Ecopop (ndlr: l'association «écologie et population» a lancé en 2014 une initiative fédérale, rejetée, qui proposait notamment de limiter l'immigration en Suisse à 0,2% par an)», selon Delphine Klopfenstein, députée Verte au Grand Conseil. «Il faut être extrêmement prudent à ne pas faire d'amalgame!» D'une certaine façon, le vocabulaire utilisé pour cette initiative n'est pas adéquat, juge l'élue. «La droite a mené cette politique d'attractivité fiscale, qui amène son lot de travailleurs participant à la densification. Calmer le jeu de cette attractivité et freiner la démographie, ça n'est pas la même chose. Il faut s'attacher au bon créneau.»
Le fond «dérange un peu» Stéphanie Ruegsegger. «Se focaliser sur un groupe de personnes en les priant de partir attise un peu la haine. Il y a quelque chose de raciste. Si l'initiative a pour but de contrer la réforme fiscale en préparation, autant le dire directement.»