Djihadisme: 90 personnes à risque pour la sécurité du pays

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Djihadisme90 personnes à risque pour la sécurité du pays

Le Service de renseignement a présenté son rapport annuel 2017 et dressé la liste des principales menaces pour la Suisse.

par
Christine Talos
avec ats
Markus Seiler à gauche et Guy Parmelin au centre, devant la presse à Berne ce mardi.

Markus Seiler à gauche et Guy Parmelin au centre, devant la presse à Berne ce mardi.

Keystone

C'est dans une salle de presse bien remplie que le conseiller fédéral Guy Parmelin est venu présenter à Berne le rapport annuel 2016 du Service de renseignement (SRC) mardi. En effet, plusieurs médias allemands étaient présents suite à l'arrestation d'un espion suisse à Francfort, un espion accusé d'avoir travaillé pour le SRC. Pas de chance pour eux: le Vaudois s'est refusé d'emblée à tout commentaire, s'abritant derrière les procédures judiciaires en cours.

Lire: Guy Parmelin muet sur l'arrestation d'un espion

Une fois les choses éclaircies, Guy Parmelin a dressé le radar de la sécurité en Suisse. Un radar qui a repéré 497 internautes dans le cadre d'un monitoring djihadiste, dont 90 personnes à risque. «Elles sont déjà connues du SRC. Il n'y a pas de changement de pratique dans le traitement de leur dossier», a indiqué de son côté le directeur du SRC Markus Seiler. Cette statistique sera actualisée tous les 6 mois, dans un souci de transparence et de clarté, et également pour servir de comparaison avec les pays voisins.

Rien à voir toutefois avec une quelconque forme de fichage. On ne peut pas comparer avec le fameux fichier «S» utilisé en France, qui est un instrument «faible» en termes de contrôle qualité, dépassé, et pas adapté aux lois suisses, estime Markus Seiler. Mais c'est un élément parmi d'autres qui peut servir pour construire un dossier.

Convertis et migrants

Qui sont ces 90 personnes? «Des Suisses convertis, des personnes avec un parcours migratoire, majoritairement des hommes, plutôt jeunes», a précisé Markus Seiler. Vivant principalement dans des agglomérations périurbaines, ils se répartissent sur tout le territoire, de Genève à Bâle en passant par le Tessin.

Quant aux 500 autres «djihadistes virtuels» actifs sur le web, il s'agit surtout de personnes qui fréquentent des pages sur l'islamisme radical ou violent, qui postent des commentaires ou affichent un soutien aux activités djihadistes. Le Ministère public de la Confédération a ouvert une procédure pénale dans 60 cas.

Moins de voyages

Les voyages du djihad à proprement parler ont quant à eux baissé, se sont félicités Guy Parmelin et Markus Seiler. Le SRC n'a pas enregistré de nouveau départ depuis la Suisse vers une zone de conflit depuis août 2016. Le nombre de personnes de retour de Syrie ou d'Irak est aussi constamment en baisse depuis 2015. Depuis 2001, 88 cas ont été recensés au total. Quatorze sont rentrés en Suisse, certains ont été condamnés, puis libérés.

Des djihadistes utilisent la Suisse comme pays de transit, note aussi le SRC dans son rapport. De tels passages sont attestés en relation avec plusieurs actes terroristes, comme celui de Saint-Etienne-du Rouvray en France en juillet 2016.

Pas interdit d'être un nazi

L'extrémisme politique fait aussi partie des thèmes du SRC. Les événements liés à l'extrémisme de droite sont rares, ceux liés à l'extrême gauche élevés, indique le rapport. Il faut toutefois empêcher que la Suisse gagne en attrait comme lieu d'organisation de concerts et autres manifestations.

Le SRC a ainsi été régulièrement critiqué pour ne pas avoir réussi à empêcher des concerts de néonazis, comme celui d'Unterwasser (SG) en octobre dernier. «En Suisse, il n'est pas interdit d'être néonazi», a lancé Markus Seiler. De toute façon, seules les autorités cantonales peuvent agir et interdire une manifestation si l'ordre public est menacé, par exemple.

Il n'y a en revanche pas eu d'activisme d'extrême droite contre des centres d'asile, comme en Allemagne. Mais la même question de la migration peut activer l'extrême gauche, rappelle le SRC. Les actes de sabotage ciblés visant à empêcher des expulsions de migrants ont augmenté.

Pour le reste, les situations de crise dans le monde font peser toujours plus de risques sur la sécurité, aussi en Suisse. Brexit, élection de Donald Trump aux Etats-Unis, réforme constitutionnelle en Turquie et cyberguerre - comme l'attaque informatique sur RUAG - ont encore aggravé les perspectives, dit le SRC.

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