A Bruxelles, Molenbeek, base arrière des terroristes?
Les attentats commis vendredi soir à Paris ont une nouvelle fois jeté une lumière crue sur la commune défavorisée de Molenbeek à Bruxelles.

Image de la vie de quartier dans la commune bruxelloise de Molenbeek.
Amedy Coulibaly, auteur de la tuerie de l'Hypercacher (9 janvier 2015, 4 morts). Mehdi Nemmouche, auteur de la tuerie du musée juif de Bruxelles (24 mai 2014, 4 morts). Un des cerveaux des attentats de Madrid (11 mars 2004, 191 morts). Ayoub El Khazzani, auteur de l'attaque du train Thalys Bruxelles-Paris (21 août 2015). Tous ont transité à un moment ou à un autre, qui pour y vivre, qui pour y acheter des armes, dans la commune défavorisée de Molenbeek, à Bruxelles.
Deux des tueurs responsables des attaques menées à Paris étaient des ressortissants français vivant en Belgique, l'un dans la commune centrale de la capitale belge, qui a donné son nom à Bruxelles, et l'autre à Molenbeekune commune à forte majorité immigrée.
Le Premier ministre belge Charles Michel a reconnu que son pays devait faire plus pour lutter contre la radicalisation et a admis que les liens existant entre certains habitants de Molenbeek et l'extrémisme violent constituaient «un problème gigantesque».
Au total, sept personnes ont été interpellées en Belgique dans le cadre d'une coopération entre la police belge et les autorités françaises dans l'enquête sur les attentats parisiens.
Nombreux liens avec le terrorisme
«Je ne veux aucun prédicateur de haine sur le sol belge. Il n'y a pas de place pour eux en Belgique», a déclaré Charles Michel sur Twitter. Le ministre de l'Intérieur Jan Jambon, un nationaliste flamand, a de son côté promis de «s'occuper personnellement» de Molenbeek.
Des responsables des services de sécurité ont confirmé qu'Amedy Coulibaly, l'auteur de l'attaque contre l'Hyper Cacher à Paris le 9 janvier, s'était procuré ses armes dans ce quartier. C'est également là que l'auteur de l'attaque dans un train Thalys Bruxelles-Paris le 21 août s'était fourni en armes d'assaut avant de passer à l'acte. Le jeune homme avait été maîtrisé par l'intervention de passagers.
Un complot déjoué en janvier par la police belge lors d'une intervention qui s'est soldée par la mort de deux hommes à Verviers avait également des liens avec Molenbeek.
C'est toujours dans ce quartier qu'avait ses habitudes Mehdi Nemmouche, auteur de la tuerie du musée juif de Bruxelles le 24 mai 2014 (4 morts). Enfin, c'est de Molenbeek qu'était originaire un ressortissant marocain appartenant au groupe terroriste qui avait mené les attentats contre des trains à Madrid le 11 mars 2004 (191 morts).
Présenter un «front uni»
Sur une population de onze millions d'habitants, la Belgique compte une communauté musulmane d'environ 500'000 membres. Souhaitant éviter toute confusion entre le terrorisme djihadiste et l'islam «dans ces circonstances dramatiques», l'Exécutif des musulmans de Belgique a appelé «à un front uni contre ces actes de barbarie».
Les experts internationaux en sécurité estiment que la situation de la Belgique avec une structure politique et étatique fragmentée entre Flamands et Wallons, une histoire ancienne de marché des armes et une forte communauté musulmane est un terreau fertile pour l'extrémisme violent.
Déplacements facilités
Le Premier ministre Charles Michel estime que la situation géographique centrale de son pays, ainsi que sa petite taille, favorisent les déplacements de personnes animées «d'intentions violentes».
Le chef du gouvernement belge admet toutefois qu'il est toujours possible qu'un jeune, revenant du Moyen-Orient où il a appris le maniement des armes et des explosifs, puisse «passer entre les mailles du filet».
Le Flamand Jan Jambon a mis en avant les succès obtenues dans le lutte contre les groupes islamistes radicaux à Anvers et dans d'autres villes de Flandre. Pour lui, seuls Bruxelles et en particulier Molenbeek, ancien fief du parti socialiste, demeurent un problème dans la lutte contre le terrorisme.