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FootballA Hergiswil, une bière est prévue avant l'exploit!

Entraînés par Reto Burri (ex-Sion), les amateurs nidwaldiens ont déjà tous pris congé lundi prochain pour fêter l'exploit qu'ils espèrent réaliser la veille contre les Valaisans. Avant le match, ils évacueront leur nervosité au pub.

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
Reto Burri, entraîneur du FC Hergiswil, a joué à Sion, à YB et à Kriens, et il entend bien faire souffrir les Valaisans.

Reto Burri, entraîneur du FC Hergiswil, a joué à Sion, à YB et à Kriens, et il entend bien faire souffrir les Valaisans.

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A la Bourse européenne du crampon d'argent, le FC Hergiswil, club nidwaldien de 2e ligue inter qui s'apprête à défier le FC Sion, vient d'effectuer une inattendue entrée sur le marché des cotations. Un honneur qu'il doit à Thierry Stadelmann (23 ans), sa star locale arrivée cet été en provenance du voisin Kriens, seul élément possédant une valeur marchande. Fort des 76 matches qu'il a disputés en Challenge League, l'homme du couloir droit, formé au FC Lucerne, «vaut» 187 500 francs. Dans un contingent 100% amateur ne comptant aucun mercenaire, c'est aussi le seul élément à être coté, ce qui relativise d'autant la moyenne d'un groupe pesant 162 fois moins que le mastodonte auquel Hergiswil sera confronté dimanche. A lui seul, Darragi, le Sédunois le plus cher, émarge à 3,8 millions de francs – Lafferty et Vanins étant estimés à respectivement 3,1 et 2,5 millions – alors que le prix d'un champion du monde 2006 (Gattuso) est retombé à 1 million.

Les achats de Constantin

Au pied du Pilate, le visiteur valaisan retrouvera aussi Reto Burri dans le rôle de l'entraîneur, un Burri qui avait fait un très éphémère passage à Tourbillon en 1997. A l'époque, Christian Constantin y parlait déjà Ligue des champions. «Il ne faisait qu'acheter, acheter et encore acheter, se souvient l'ancien attaquant. On était 35 à l'entraînement. Pour ma place, j'avais 7 internationaux devant moi.» L'aventure s'arrêtera prématurément après quelques mois, et une seule titularisation.

Direction YB, où il deviendra le dernier buteur de l'ancien Wankdorf, puis Kriens, où il continuera d'enfiler les buts, et enfin, depuis 7 saisons, Hergiswil, d'abord comme entraîneur-joueur. «Mais ne comptez pas sur moi pour rechausser mes crampons dimanche. Je suis… blessé!»

Dans une affiche aussi déséquilibrée sur le papier que sur la balance, que peut espérer l'actuel 9e du groupe 4? «Créer l'exploit. On veut passer, c'est clair. La vie déjà est une surprise. Pour le club, la venue de Sion représente un événement. Pour qu'il le soit aussi pour les joueurs, on est condamnés à l'emporter. Tout le monde oublierait une défaite 7-1. Mais toute la Suisse retiendrait une sensation. Ça, ça resterait dans nos cœurs…» Un scénario du bonheur qui, en guise de primes de qualification, verrait le 10% de la recette du jour être reversé à la caisse d'équipe.

Ne tombant pas du ciel, une surprise obéit néanmoins à quelques principes qu'il importe de pouvoir réunir. Reconverti au civil dans les assurances, Reto Burri en décortique le mode d'emploi: «On aura besoin de tout, de la réussite, de l'arbitre, d'un bon gardien, des poteaux, etc. Mais notre vraie chance s'appelle Sion. Si les Valaisans ne devaient pas être là au niveau de l'état d'esprit, on saura en profiter. On est qui pour eux? Personne!»

Ne pas être prisonnier

Pour le FC Hergiswil, l'autre chance réside dans le fait de pouvoir accueillir Sion chez lui, sur sa pelouse fétiche de «Grossmatt», qui (lui) tient pompeusement lieu de «Stadion» et sera équipé en conséquence de tribunes provisoires pouvant recevoir les 3000 spectateurs attendus, forcément un record pour là-bas. «A quoi cela aurait-il rimé d'aller jouer à Lucerne, à la Swissporarena, dans un stade que mes joueurs ne connaissent pas? Si l'on veut imposer notre jeu, c'est chez nous et pas ailleurs. Je sais ce que représente le fait d'aller jouer dans un petit stade, de surcroît inconnu. Les repères y sont différents. Avec YB, je me souviens qu'on avait souffert à Monthey pour arracher les prolongations dans les arrêts de jeu, et passer ensuite dans la douleur.»

Dans son approche tactique, Burri n'entend pas bombarder ses joueurs d'infos (qu'il estime parasitaires) sur l'adversaire ni les abreuver de consignes superflues. «Insister qu'untel, à Sion, passe à droite, alors que, face à nous, il peut tout aussi bien choisir de passer à gauche ne servirait à rien. Je ne veux pas casser la tête des joueurs. Ils doivent rester libres, ne pas être prisonniers d'une peur qui les empêcherait de s'exprimer.»

Un congé pour fêter

Dans ce coin du pays, on se déclare malgré tout confiant, même excessivement. «Je peux même vous dire qu'il y aura 1-1 à la 90e, et qu'on l'emportera aux penalties», révèle Burri dans un élan prophétique. Preuve de la confiance inébranlable qui habite le FC Hergiswil, ses joueurs ont déjà tous pris congé lundi matin – «pour mieux fêter la victoire».

Samedi, le dernier entraînement se terminera par des exercices de tirs au but, répétés durant toute la semaine, suivis d'une virée commune au pub du village. «Pour évacuer la nervosité, chacun prendra une bière. Mais il faudra attendre la fin du match pour boire les suivantes.» Avec une conséquence dont Reto Burri espère s'acquitter. «Si Schürmann perd, je suis bon pour rentrer dans le bus du FC Sion à sa place!»

On n'en est pas là.

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