A l'ONU, Navi Pillay est horrifiée par les violences en Syrie
La Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a ouvert lundi à Genève une session du Conseil des droits de l'homme en se déclarant horrifiée par l'escalade des violences en Syrie.

Navi Pillay: «Une catastrophe humanitaire, politique et sociale se déroule d'ores et déjà, et ce qui se profile est vraiment un cauchemar.»
A la demande du Qatar, de la Turquie et des Etats-Unis, un débat sur les massacres à Qousseir aura lieu mercredi.
«Une catastrophe humanitaire, politique et sociale se déroule d'ores et déjà, et ce qui se profile est vraiment un cauchemar», a affirmé la Haut Commissaire, en lançant un appel aux Etats à faire tous les efforts possibles pour mettre un terme à ce désastre.
«Les violations des droits de l'homme ont atteint des dimensions horrifiantes. Je suis profondément consternée par le mépris flagrant du droit international et de la vie humaine par toutes les parties», a déclaré Navi Pillay.
Elle a affirmé que le gouvernement de Damas continue d'utiliser la force dans des zones résidentielles de manière indiscriminée et massive et que l'armée a directement visé des écoles et des hôpitaux. Les groupes armés rebelles ont manifestement utilisé les civils comme boucliers humains et les enlèvements se multiplient, a dénoncé Navi Pillay.
Civils pris au piège à Qousseir
«Nous continuons aussi à voir des rapports sur des forces antigouvernementales commettant des actes horribles comme des tortures et des exécutions sommaires. Des jeunes femmes et des mineures auraient été forcées de se marier à des combattants», a-t-elle aussi ajouté.
Elle s'est déclarée «extrêmement préoccupée par les informations selon lesquelles des centaines de civils ont été tués ou blessés et des milliers d'autres sont pris au piège des bombardements indiscriminés et d'attaques aériennes par les forces gouvernementales à Qousseir». Elle a demandé que les civils désireux de partir puissent être évacués en sécurité.
Débat urgent mercredi
«Une nouvelle fois j'exhorte le Conseil de sécurité de l'ONU à saisir la Cour pénale internationale. Ces crimes de guerre et crimes contre l'humanité ne doivent pas rester impunis. Nous devons montrer au gouvernement comme à l'opposition que les responsables auront à en subir les conséquences. Et le monde doit agir pour mettre fin à ce terrible conflit», a dit la Haut Commissaire.
En ouvrant la session, le président du Conseil, l'ambassadeur polonais Remigiusz Henczel, a proposé qu'un débat urgent sur les violences en Syrie ait lieu mercredi. Le débat a été demandé vendredi par les Etats-Unis, la Turquie et le Qatar en raison de «la détérioration de la situation des droits de l'homme en Syrie, et en particulier les récentes tueries à Qousseir».
Civils bloqués
L'ambassadrice du Qatar a dénoncé le «blocus de 40'000 habitants» à Qousseir, les bombardements aériens et l'intervention de forces étrangères (le Hezbollah) soutenant les forces de Damas.
«Les massacres se poursuivent et les civils ne peuvent sortir», a-t-elle dit. «Il faut une intervention immédiate pour protéger les civils et mettre un terme aux opérations militaires à Qousseir», a déclaré l'ambassadrice Alya Ahmed Saif Al-Thani.
«C'est un cas d'une ampleur sans précédent. Le Conseil doit s'en occuper le plus rapidement possible. Des crimes contre l'humanité se poursuivent sans faiblir. Je demande d'entendre l'appel de l'humanité», a affirmé de son côté l'ambassadeur de Turquie.
La Syrie a fait objection en critiquant de son côté le soutien apporté par le Qatar aux «terroristes». Le Venezuela a d'abord demandé des consultations supplémentaires, puis s'est rallié au projet de débat sur la Syrie, qui aura lieu mercredi à partir de midi.
Fermeture du camp de Guantanamo
La Haut Commissaire aux droits de l'homme s'est par ailleurs inquiétée de «graves violations des droits de l'homme perpétrées dans le contexte des mesures antiterroristes».
«L'échec des Etats-Unis à fermer le centre de détention de Guantanamo est un exemple du manque de respect pour les droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme, en particulier le droit à un procès équitable», a-t-elle dit.
Navi Pillay a rappelé que la détention illimitée de prisonniers sans jugement équivaut à une détention arbitraire. Elle a salué en même temps la déclaration récente du président américain Barack Obama, notamment la levée du moratoire sur le transfert de détenus au Yémen.
Navi Pillay a aussi dénoncé l'usage de drones dans des opérations militaires, avec un nombre croissant d'Etats cherchant à acquérir cette technologie. Elle a demandé une complète transparence sur les critères des frappes effectuées par des drones et demandé de faire en sorte qu'elles soient en accord avec le droit international.