Proche-OrientAbbas exige la libération de détenus et un gel des colonies
Le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré au secrétaire d'Etat John Kerry que la libération des prisonniers palestiniens détenus en Israël était «une priorité» dans la perspective d'une reprise des négociations de paix.

John Kerry et Mahmoud Abbas.
"Le président Abbas a souligné que la libération des prisonniers était une priorité qui créera un climat approprié pour la possibilité de faire avancer le processus de paix", a déclaré le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina. Il a ajouté que le président palestinien avait également réitéré sa demande de gel de la colonisation israélienne.
"Le président Abbas souhaite revenir à la table des négociations, mais pour cela il faut un arrêt de la colonisation et la libération des prisonniers, que nous considérons comme une priorité qui instaurera le climat indispensable à la reprise des négociations", a expliqué le porte-parole à l'issue d'une rencontre de 80 minutes entre MM. Abbas et Kerry.
Le président palestinien a jusqu'à présent exclu une reprise des négociations sans un gel de la colonisation juive sous toutes ses formes. Il demande aussi à négocier sur la base des lignes de 1967 --ce qu'il a répété dimanche en recevant M. Kerry--, ce qui impliquerait un retrait israélien de toute la Cisjordanie et Jérusalem-Est occupés depuis. M. Netanyahu a réaffirmé plusieurs fois que son pays n'accepterait pas de revenir aux frontières de 1967, qu'il a qualifiées "d'indéfendables".
Enfin, M. Abbas réclame désormais la libération des prisonniers palestiniens les plus anciens détenus par Israël, en particulier ceux qui ont été emprisonnés avant la signature des accords de paix d'Oslo de 1993.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est retourné au Proche-Orient afin d'écouter les dirigeants israéliens et palestiniens et explorer les moyens de relancer des négociations de paix bloquées depuis 2010.
Venant de Turquie, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est rendu directement à Ramallah (Cisjordanie) pour des entretiens avec le président palestinien Mahmoud Abbas.
Les deux parties ont poursuivi leurs discussions ouvertes à la fin mars lors de la visite historique du président américain Barack Obama en Israël et dans les Territoires. Elles ont porté sur "la manière de créer un climat positif pour des négociations", selon des sources du département d'Etat.
Pas de plan de paix tout prêt
Washington a averti par avance qu'il n'apportait aucun plan de paix dans ses bagages. M. Kerry souhaite avant tout "écouter" les deux parties et "voir ce qu'il est possible" de faire pour relancer les négociations.
A Istanbul, le secrétaire d'Etat américain a pressé Israël et la Turquie d'accélérer la normalisation de leurs relations en insistant sur le rôle "clé" qu'Ankara pouvait jouer dans l'éventualité d'une relance du processus de paix.
"La Turquie peut de nombreuses façons jouer un rôle clé, apporter une importante contribution au processus de paix (...) un pays aussi dynamique et énergique que la Turquie peut avoir un impact profond sur le processus de paix", a plaidé M. Kerry devant la presse.
Turquie exclue
Mais la ministre israélienne de la Justice Tzipi Livni, chargée du dossier des négociations avec les Palestiniens, a exclu que la Turquie joue un rôle actif dans l'immédiat dans la relance du dialogue entre Israéliens et Palestiniens.
"Le processus politique doit se dérouler de façon directe entre nous et les Palestiniens", a dit Mme Livni à la radio publique, répondant à une question sur le rôle que pourrait jouer la Turquie dans la relance du processus de paix. La ministre israélienne a néanmoins trouvé l'idée américaine "intéressante, mais cela prendra du temps".
Sous la pression des Etats-Unis, à la fin de la visite historique du président Barack Obama en Israël, M. Netanyahu a présenté le 22 mars les excuses de son pays pour la mort de neuf ressortissants turcs, tués par l'armée israélienne lors de l'assaut en 2010 d'une flottille humanitaire en route pour Gaza.
Ce geste a relancé les relations entre les deux pays, suspendues de fait depuis cet incident. Des discussions sur le versement de dommages et intérêts aux familles des victimes turques doivent débuter la semaine prochaine.
Promesses à tenir
M. Kerry a notamment insisté dimanche sur la nécessité pour Israël de tenir ses promesses en matière de "compensations" et souhaité le retour rapide d'ambassadeurs dans les deux pays.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a d'ores et déjà prévenu que la qualité de la relation entre les deux pays dépendrait largement de l'attitude d'Israël.
M. Erdogan, qui réclame la levée du blocus israélien de la bande de Gaza, a dit envisager d'ici fin avril une visite dans les Territoires palestiniens, y compris à Gaza, une initiative qui ne manquerait pas d'être critiquée en Israël.
La bande de Gaza s'est d'ailleurs rappelée au souvenir de M. Kerry en tirant une roquette, qui n'a pas fait de blessé, sur le sud d'Israël, au moment de son arrivée à Ramallah.
Mise en garde
Sur le dossier nucléaire iranien, le secrétaire d'Etat américain a profité de son étape stambouliote pour mettre en garde les Iraniens contre toute volonté de gagner du temps dans les négociations engagées avec les grandes puissances.
Dimanche soir à Jérusalem, en ouvrant la commémoration annuelle de la Shoah, le Premier ministre israélien a averti qu'Israël ne pouvait en aucun cas "abandonner son sort aux mains d'autres pays", même "nos meilleurs amis", face au nucléaire iranien.
Lors de sa récente visite le mois dernier, le président américain Barack Obama avait promis à Israël de "faire ce qu'il (fallait)" pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire.