Italie: Accord des partis antisystème sur un programme

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ItalieAccord des partis antisystème sur un programme

Les chefs de file du M5S et de la Ligue ont trouvé un accord sur un programme de gouvernement et un nom pour le poste de Premier ministre.

Le chef de la Ligue Matteo Salvini, interrogé par les médias italiens dimanche.

Le chef de la Ligue Matteo Salvini, interrogé par les médias italiens dimanche.

Keystone

Les deux partis antisystème italiens, le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et la Ligue, ont trouvé un accord sur un programme de gouvernement et le nom du Premier ministre, ont annoncé dimanche soir les médias.

Luigi Di Maio, leader du M5S «a passé un bref coup de téléphone au secrétaire général de la présidence (de la République italienne) pour annoncer qu'ils (lui et le chef de la Ligue Matteo Salvini, ndlr) sont prêts dès demain (lundi) à rendre compte de tout, y compris le nom du futur Premier ministre», a indiqué l'agence AGI, citant des sources des deux partis.

Le nom du nouveau chef du gouvernement italien devra être validé par le chef de l'Etat, Sergio Mattarella, qui pourrait annoncer sa nomination en début de semaine. Ce sera «un politique et non un technicien», a indiqué M. Di Maio à l'issue d'une deuxième journée de tractations, à Milan (nord), avec son homologue d'extrême droite Matteo Salvini et leurs principaux lieutenants. Les deux hommes doivent se voir à nouveau lundi à Rome, avant d'être reçus au Quirinal, le palais présidentiel.

Une «tierce personne»

Un représentant du M5S, joint par l'AFP, a indiqué que Luigi Di Maio tenait à réserver la primeur des informations sur le programme du futur gouvernement et le nom du chef du gouvernement au président de la République.

Selon les médias, le candidat pour diriger la troisième économie de la zone euro devrait être une «tierce personne» n'appartenant ni à la Ligue ni au M5S. Elle devra aussi faire autorité au plan international et être en mesure de rendre compatible avec Bruxelles la tonalité eurosceptique du futur exécutif.

Plusieurs noms étaient avancés dimanche par la presse transalpine: l'économiste Guido Tabellini, 62 ans, la diplomate Elisabetta Belloni, 59 ans, actuelle secrétaire générale du ministère des Affaires étrangères, Michele Geraci, 50 ans, professeur d'économie à la New York University de Shanghai ou encore le président de la société italienne de construction navale Fincantieri, Giampiero Massolo, 63 ans.

1er gouvernement antisystème

En évoquant samedi la mémoire de son prédécesseur Luigi Einaudi, président de 1948 à 1955, M. Mattarella a souligné que son rôle «fut tout autre que celui d'un notaire», rappelant ainsi qu'il serait vigilant quant au respect de ses prérogatives, au premier rang desquelles figurent la nomination du chef du gouvernement et des ministres.

Selon la Constitution italienne, les ministres sont nommés par le président de la République sur proposition du chef du gouvernement désigné. Il est de coutume que ce dernier accepte dans un premier temps la charge «avec réserve». Après une série de consultations pour former son équipe, il revient au palais présidentiel pour y être officiellement nommé.

Quelque 70 jours après les législatives, qui n'ont pas permis de dégager une majorité claire au Parlement, la Ligue et le M5S ont trouvé des points de convergences pour former le premier gouvernement antisystème en Italie, et même en Europe occidentale.

Réforme des retraites

Après avoir passé au crible un vingtaine de points, ils se seraient accordés sur la nécessité de revenir sur une réforme retardant progressivement l'âge de départ à la retraite. Il est actuellement fixé à 66 ans et sept mois, avant de passer à 67 ans en 2019. Il est probable que soit introduit le barème 100, à savoir la possibilité de quitter le travail lorsque la somme de l'âge et des années de cotisation est égale à 100 (par exemple 64 ans et 36 ans de cotisations).

Un compromis aurait aussi été trouvé sur un report à 2019 du revenu de citoyenneté, une idée forte du M5S, ainsi que sur une reconfiguration de la «flat tax» voulue par la Ligue. Selon le M5S, ce taux d'imposition unique de 15% pour les Italiens pèserait trop lourdement sur les comptes publics.

Le dossier le plus sensible est sans doute celui de l'immigration, «l'approche de la Ligue étant plus musclée que celle du M5S», selon le quotidien Il Corriere della Sera. Pour la composition du gouvernement, Ligue et M5S doivent aussi s'entendre sur leurs poids relatifs: face aux plus de 32% obtenus par le M5S aux législatives, M. Salvini s'appuie depuis deux mois sur les 37% de la coalition de droite, mais la Ligue n'en a obtenu que 17%.

(ats)

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