Chute d’arbre à Vevey (VD)Une ado avait perdu l’usage de ses jambes: aucune condamnation
Le tribunal a acquitté les employés qui étaient accusés de négligence dans l’affaire de la chute d’un arbre qui avait rendu une adolescente paraplégique.

L’arbre qui est tombé sur trois adolescentes à Vevey en 2014 était pourri.
La chute d’un arbre à Vevey en 2014, qui a rendu une adolescente paraplégique, ne débouche sur aucune condamnation pénale. Les trois professionnels renvoyés en justice ont été acquittés vendredi par le Tribunal de l’Est vaudois.
La présidente du tribunal Anne-Catherine Page a conclu que les deux employés du Service des parcs et jardins de Vevey n’avaient pas «les compétences nécessaires» pour prévoir la chute de cet arbre, qui avait blessé plus légèrement deux autres jeunes femmes. La pourriture du tronc et des racines de cet ailante de 12 mètres n’était pas visible à l’œil nu.
La présidente a, en revanche, jugé que le troisième prévenu, un spécialiste des soins aux arbres mandaté pour un contrôle par la Ville de Vevey, avait fait preuve «d’une imprévoyance coupable».
Au vu de ses connaissances et de certains signes extérieurs de l’arbre – tronc incliné, âge élevé, asphalte autour de lui -, ce paysagiste aurait dû effectuer un examen plus poussé, a affirmé la magistrate. Il aurait dû utiliser une martèle, une sorte de maillet, qui aurait permis de constater que l’intérieur du tronc était pourri.
Les faits reprochés à ce spécialiste, qui remontent à son contrôle de 2011, sont toutefois prescrits. Sous l’ancien droit en effet, la prescription était de 7 ans pour ce genre d’affaire (10 ans désormais).
Manque de normes
Même s’il s’est dit satisfait de l’acquittement de son client, l’avocat du paysagiste a souligné «que l’on ne peut pas se réjouir» d’un tel procès, sachant qu’une jeune femme a perdu l’usage de ses jambes. «La limite entre fatalité et responsabilité est très compliquée à définir», a remarqué Me Didier Elsig.
Selon lui, ce procès doit «interpeller toute une profession». Il est en effet ressorti de cette affaire qu’il n’y a aucune recommandation claire en Suisse pour le contrôle des arbres. La formation en la matière fait aussi défaut.
Les trois victimes étaient absentes vendredi pour la lecture du jugement. Leur avocat était remplacé par une stagiaire qui a relevé qu’il était trop tôt pour dire si les plaignantes allaient faire appel. Lundi en clôture d’audience, la principale victime avait dit «ne pas en vouloir personnellement» au paysagiste.
Accusations abandonnées
Les trois prévenus étaient renvoyés pour lésions corporelles simples et graves par négligence. Le procureur avait toutefois abandonné les charges lundi lors de son réquisitoire, avec les mêmes arguments retenus par la présidente dans son jugement.
Agées aujourd’hui d’une vingtaine d’années, les trois victimes ont déjà été en partie indemnisées par les assurances de la Ville de Vevey et des CFF, qui possèdent la parcelle où se trouvait l’arbre. Selon Me Elsig, si ces prestations civiles ne devaient pas suffire, les victimes pourraient éventuellement se tourner vers le paysagiste.
Celui-ci doit également supporter une partie des frais de justice, contrairement aux deux employés communaux de Vevey.