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LutteAction coup-de-poing dans l'horlogerie

Une dizaine de militants syndicaux d'Unia ont distribué des tracts ce matin devant des manufactures horlogères de la vallée de Joux. Ils dénoncent les salaires minimums jugés trop bas en comparaison des bénéfices mirobolants enregistrés depuis deux ans par l'industrie du luxe.

par
Victor Fingal
Laurent Crottet

«Avec 3430 francs par mois, le salaire minimum actuel dans l'horlogerie, une famille monoparentale ne peut pas vivre en Suisse. Même dans la vallée de Joux: les loyers ont rejoint les niveaux du Nord-Vaudois» martèle Yves Defferrard, responsable du secteur de l'industrie vaudoise du syndicat Unia.

Dès 6 h 30, ce matin, une dizaine de militants d'Unia distribuaient des tracts à l'entrée des fabriques Jaeger-LeCoultre, Breguet et de la manufacture La Pierrette, toutes situées dans la vallée de Joux. But de l'opération: sensibiliser les travailleurs de la branche à la précarité des salaires minimum. «Nous avons demandé une augmentation de 100 francs des bas revenus, l'industrie horlogère nous en a accordés seulement 20. C'est scandaleux, quand on pense que le groupe Swatch, par exemple, a réalisé 1,61 milliard de francs de bénéfices en 2012, soit 26% de plus que l'année précédente,» poursuit le syndicaliste.

«J'ai démarré avec 2800 francs brut par mois et après dix ans dans l'horlogerie, je gagne 3700 francs avec la prime d'équipe», confie Djamilla, 40 ans, l'une des rares ouvrières suisses rencontrées devant l'une des fabriques ciblées par le syndicat. «Je n'arriverais pas à tourner si mon compagnon n'amenait pas aussi un salaire dans notre ménage,» poursuit la maman d'une ado de 14 ans.

Selon le syndicat et les témoignages recueillis, près de 70% de la main-d'œuvre des industries horlogères et des manufactures est composée de frontaliers. Eliane, 57 ans, l'une d'elles, une mère qui vit seule affirme que «même en France voisine avec 3500 francs par mois brut, on ne va pas très loin. Cela fait moins de 2500 euros net et mon seul luxe consiste à payer les traites de 880 euros par mois de mon appartement.»

De son côté Yves Defferrard estime que la lutte pour l'obtention d'un salaire équitable minimum ne fait que commencer dans l'horlogerie: «Nous allons poursuivre notre action devant d'autres entreprises de la région ces prochains jours.»

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