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CyclismeAffaire Puerto - Manzano dénonce le danger des méthodes de Fuentes (PAPIER GENERAL)

Par Christophe LEHOUSSE MADRID, 13 fév 2013 (AFP) - L'ancien cycliste espagnol Jesus Manzano, à l'origine du procès de l'affaire de dopage Puerto, a témoigné mercredi à Madrid contre le docteur Fuentes, principal accusé, dénonçant le danger des méthodes du médecin, poursuivi pour délit contre la santé publique.

"Il aurait pu y avoir un mort", a ainsi assuré Manzano, ancien cycliste de l'équipe Kelme entre 2000 et 2003, période durant laquelle Eufemiano Fuentes, principal accusé de l'affaire Puerto, était médecin-chef de Kelme (entre 2001 et 2003). Manzano, qui avait déjà dénoncé en 2004 dans le journal AS les pratiques dopantes en vigueur au sein de Kelme, mettant ainsi la police sur la piste du docteur Fuentes, a de nouveau décrit dans le détail le système de dopage de l'équipe espagnole mercredi pendant plus de trois heures. Hormones de croissance, hormone féminine (HMG), Androgel (testostérone), cortisone, Actovegin (sang de veau), nandrolone, EPO russe et chinoise et albumine pour faire baisser l'hématocrite, tous ces produits - en plus des autotransfusions - étaient livrés et souvent administrés à Manzano et à d'autres coureurs de Kelme par Eufemiano Fuentes, sa soeur Yolanda et le docteur Walter Viru, selon l'ex-coureur, aujourd'hui âgé de 34 ans. Dès le début de sa déposition, Manzano s'est notamment attaché à démontrer que contrairement à ce qu'avait soutenu Fuentes le premier jour du procès, il avait bien été client du médecin canarien. "Fuentes a été médecin-chef de l'équipe entre 2001 et 2003 avec une interruption fin 2002-début 2003 où c'est Walter Viru et Alfredo Cordova qui se sont occupés de l'équipe", a expliqué Manzano, affirmant notamment avoir reçu une autotransfusion de Fuentes sur le Tour d'Espagne 2003. "Je ne sais pas ce qui peut m'arriver d'ici à quelques années, avec tout ce que j'ai pris", a affirmé Manzano qui a aussi mis en cause Vicente Belda et José Ignacio Labarta, les directeurs sportifs de l'époque, les accusant de l'avoir "obligé à se doper". Le coureur est notamment revenu sur l'épisode de son évanouissement sur le Tour de France 2003. "Au matin de la 7e étape, le directeur (Vicente Belda) m'a envoyé voir le médecin (Walter Viru) dans sa chambre. Celui-ci m'a injecté 50 ml d'Oxyglobin (hémoglobine d'origine canine). Durant l'étape je m'échappe, mais je commence à me sentir mal, mal, mal et je m'évanouis. On m'a emmené à l'hôpital où les directeurs sportifs sont venus expressément me voir pour me dire de ne surtout pas dire ce qu'on m'avait donné, qu'à cause de cela, en France, on risquait tous la prison." "Après cet épisode, je ne me suis plus jamais senti le même, physiquement", a assuré l'Espagnol, qui travaille aujourd'hui comme jardinier. Manzano ne s'est emporté qu'une seule fois, quand l'avocat de Fuentes s'est étonné que le coureur n'ait pas dénoncé ses anciens directeurs sportifs de l'époque s'ils le mettaient sous la contrainte. "Si je parlais à cette époque, je me retrouvais à la rue et toute l'équipe allait en prison. Je ne voulais pas leur créer de problèmes", s'est défendu Manzano. L'ancien coureur a également précisé que tous les coureurs de l'équipe Kelme de l'époque s'étaient dopés, à l'exception de Juan Miguel Cuenca Martinez, qui "n'utilisait pas de produits dopants parce qu'il avait eu un problème d'inflammation des veines". En revanche, le mystère continue de planer sur ces fameux autres sportifs non-cyclistes avec lesquels Fuentes a assuré avoir également travaillé. "J'allais chez Fuentes avec d'autres coureurs de Kelme. Mais en dehors de cela, je ne sais pas qui y allait", a conclu Manzano. cle/gf/mam

(AFP)

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