PerquisitionsAffaire Rocchi: «Une victoire pour la presse!»
Rédactrice en chef du Matin, Sandra Jean réagit à la nouvelle décision de justice qui juge illégales les perquisitions menées contre le journaliste Ludovic Rocchi. Une décision qui fera date pour la liberté de la presse.
- par
- Le Matin

Le journaliste Ludovic Rocchi lors de la saisie de son ordinateur professionnel à Locarno, le 13 août 2013, après que son domicile privé a été également fouillé à La Chaux-de-Fonds (NE).
Pour la seconde fois, une autorité judiciaire neuchâteloise juge illégales les perquisitions menées par le procureur Nicolas Aubert au domicile du journaliste du «Matin» Ludovic Rocchi en août 2013 dans le cadre de l'affaire de plagiat qui a ébranlé l'Université de Neuchâtel. «Nous sommes satisfaits par cette décision, indique Sandra jean, rédactrice en chef du «Matin». Elle réaffirme ce en quoi nous croyons, à savoir la liberté de la presse, une valeur intangible dans un pays démocratique».
Dans ses considérants – que nous publions en intégralité – la juge du Tribunal des mesures de contraintes, Noémie Helle , fait elle-même référence aux fondements de la démocratie. Extrait : «En tant que contre-pouvoir, les journalistes doivent être libres de publier les informations qu'ils recueillent sans risquer d'être systématiquement poursuivis pour instigation ou complicité de violation du secret de fonction. A défaut, la société démocratique perdrait l'une de ses composantes essentielles».
La juge relève aussi que les soupçons pesant sur le journaliste n'étaient pas suffisants, comme l'avait déjà relevé le Tribunal cantonal neuchâtelois dans un arrêt rendu le 10 septembre 2013. Le procureur Nicolas Aubert avait fait recours contre cet arrêt. Le Tribunal fédéral ne lui a donné raison que sur la procédure : ce n'était pas la bonne instance qui a statué. D'où la nouvelle décision rendue en date du 22 mai 2014 par le Tribunal des mesures de contrainte. Selon Yves Burnand, avocat du «Matin» dans cette affaire, «le nouvel arrêt a un impact plus fort encore pour la protection des sources, car il met en œuvre les principes de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme. Nous avons donc obtenu une décision qui fera date pour l'ensemble de la profession».
Autre point de satisfaction: l'arrêt rendu hier reconnaît le droit à la protection des sources même quand un journaliste est prévenu dans une affaire pénale, ce que contestait le procureur Nicolas Aubert. Désavoué deux fois, il a trente jours pour décider d'un ultime recours devant le Tribunal fédéral. Du côté du «Matin», des moyens juridiques et financiers conséquents ont déjà été engagés. Le quotidien et le groupe Tamedia ne relâcheront pas leurs efforts dans cette bataille de principe pour la liberté de la presse.