GenèveAffaire Semhar: l'acquittement plaidé
La défense estime que le chauffeur de taxi accusé d'avoir agressé et étranglé une jeune fille, en 2012, est innocent.

La jeune Semhar est décédée en août 2012, à l'âge de 12 ans.
Mercredi, au deuxième jour du procès en appel de l'assassin présumé de la petite Semhar, 12 ans, la parole était à la défense. Vincent Spira et Yaël Hayat, les deux avocats de l'accusé, ont une nouvelle fois demandé qu'on acquitte leur client de toutes les charges qui pèsent sur lui.
Le chauffeur de taxi de 43 ans, d'origine éthiopienne, n'a jamais, selon eux, agressé sexuellement la jeune adolescente un soir d'août 2012, avant de l'étrangler, alors qu'elle se trouvait dans son appartement, à Carouge (GE). Il n'a pas non plus violé, frappé et séquestré trois de ses anciennes compagnes.
Yaël Hayat a soutenu que, dans cette affaire, les dés étaient pipés dès le début. Le prévenu était aux yeux des enquêteurs le coupable idéal. Il entretenait une liaison avec la mère de Semhar, connaissait très bien la jeune fille et avait les clés de logement où elle vivait avec sa grande sœur et son petit frère.
Enquête incomplète
Pour Yaël Hayat, il faut, dans ce dossier, éviter de céder à l'effroi compréhensible qu'a provoqué ce crime. L'avocate s'est penchée sur les failles de l'enquête. Les habits de l'accusé n'ont pas été analysés, s'est-elle étonnée, pas plus qu'une tache, ressemblant à du sang, retrouvée dans le taxi du prévenu.
Mieux vaut, selon Mme Hayat, un coupable dehors qu'un innocent condamné. Son confrère Vincent Spira s'est de son côté livré à un exercice d'équilibriste compliqué, plaidant sur la peine au cas où la Chambre pénale d'appel et de révision conclurait à la culpabilité du prévenu.
L'avocat a demandé à la Cour une sanction ne dépassant pas 20 ans de prison. Il a rappelé que dans cette affaire, si l'accusé a bien tué Semhar, il l'a fait sans préméditation. «Il s'est passé quelque chose sur le moment et il a perdu les pédales». Un comportement qui, selon lui, ne vaut pas la perpétuité requise par le Ministère public.
Expertise remise en doute
M. Spira a également combattu l'internement demandé par le procureur Joël Schwarzentrub. Il a rappelé que les experts français qui ont examiné le prévenu ne préconisent pas cette mesure. L'avocat a ensuite critiqué l'expertise suisse. Celle-ci conclut que l'accusé est un sadique sexuel sur la base du dossier uniquement, a-t-il noté.
Au cas où le prévenu serait condamné, Vincent Spira a invité la Cour à tenir compte, pour fixer la peine, de la longueur de la procédure, qui a duré près de 7 ans. Il a aussi demandé aux juges de considérer les conditions de détention de l'accusé. Ce dernier a passé des centaines de jours dans une cellule avec moins de 4 m2 d'espace.
Le procès se poursuit jeudi avec les plaidoiries des avocats des parties plaignantes qui n'avaient pas recouru contre le jugement rendu en première instance. Pour rappel, le Tribunal criminel de Genève avait condamné le prévenu à une peine de 20 ans de prison, accompagnée d'une mesure d'internement ordinaire.