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Transport aérienAir France abandonne Alitalia

Après d'intenses discussions, Air France-KLM, pas convaincu du plan de redressement d'Alitalia, renonce à venir une nouvelle fois à la rescousse financière de sa partenaire italienne au bord de la faillite.

Au bord de la faillite, la compagnie Alitalia est lâchée par Air France.

Au bord de la faillite, la compagnie Alitalia est lâchée par Air France.

AFP

Le groupe franco-néerlandais, qui détient actuellement 25% d'Alitalia, a annoncé jeudi qu'il ne souscrirait pas à l'augmentation de capital de la compagnie italienne.

«Même si le volet industriel du nouveau plan présenté hier [mercredi] par Alitalia va dans la bonne direction et reçoit le plein soutien d'Air France-KLM, les indispensables mesures de restructuration financières ne sont toujours pas réunies», argue Air France-KLM, numéro 2 européen derrière Lufthansa.

Alitalia, en grande difficulté financière, avait validé le mois dernier le principe d'une augmentation de capital jusqu'à 300 millions d'euros (370 millions de francs).

Mais depuis, Air France-KLM, lui-même en restructuration, s'était montré plutôt sceptique, son PDG Alexandre de Juniac martelant ces derniers mois que l'aide était strictement subordonnée à la mise en oeuvre d'un redressement durable.

Cette annonce intervient avant même l'expiration du nouveau délai fixé par Alitalia. Mercredi soir, la compagnie italienne a en effet annoncé qu'elle repoussait au 27 novembre la date-butoir d'adhésion à son augmentation de capital.

Sévère réduction des coûts

Le délai de 30 jours devait initialement expirer jeudi soir. Mais Alitalia avait décidé de laisser un peu plus de temps après la présentation d'un nouveau plan stratégique pour convaincre les actionnaires sceptiques de souscrire à l'opération.

Cette version remaniée du plan présenté en juillet prévoit «une sévère réduction des coûts» pour parvenir à «une meilleure efficacité dans la gestion de l'activité et l'amélioration de la capacité de concurrence sur le marché», a expliqué Alitalia.

Il comprend en outre une «réduction du nombre d'avions moyen-courriers» et une augmentation des vols internationaux et intercontinentaux. Pour autant, dès mercredi soir, l'agence Ansa indiquait qu'Air France-KLM avait voté contre le plan, citant des sources proches du dossier.

Air France-KLM avait soutenu jusqu'alors sa partenaire, acceptant même en février de souscrire à un prêt à hauteur de 37,5 milions d'euros. Ces dernières semaines, le groupe avait pourtant préparé les esprits à la possibilité de ne pas la soutenir à n'importe quel prix.

Partenaire loyal

Lors de la publication de ses résultats trimestriels le 31 octobre, il avait même mis en avant les 137 millions de pertes liées à sa participation dans Alitalia.

Air France-KLM a pourtant confirmé jeudi «son engagement à rester un partenaire loyal et sérieux d'Alitalia, dans la continuité du partenariat industriel actuellement en place». Conclu en 2009 pour une durée de huit années, celui-ci «présente de nombreux atouts pour les deux entreprises», dit-il.

C'est que Air France-KLM redoute une disparition d'Alitalia dont les créneaux de vol pourraient être récupérés par les compagnies à bas coûts ou des transporteurs tels qu'Emirates.

L'Italie représente un marché important pour le groupe en termes de transports de loisirs et d'affaires. Les trois compagnies coopèrent d'ailleurs avec des accords commerciaux et de combinaison tarifaire. Leur partenariat offre ainsi de nombreuses possibilités de correspondances bien réparties géographiquement du Nord au Sud de l'Europe.

Jeudi, pour signifier qu'il ne l'abandonnait pas totalement, Air France-KLM a parallèlement annoncé son «intention, à l'issue de l'augmentation de capital, de convertir ses obligations convertibles» en actions.

«Cette opération permettra d'améliorer les fonds propres d'Alitalia tout en conservant des liens étroits au travers de la participation d'Air France-KLM au capital d'Alitalia», a-t-il expliqué.

Compagnies à bas coût

La grande inconnue reste le devenir d'Alitalia, qui subit notamment de plein fouet la concurrence des compagnies à bas coûts et du train.

Le ministre des Transports, Maurizio Lupi, a plusieurs fois déclaré qu'en cas de refus d'Air France-KLM de participer à l'augmentation de capital, le gouvernement aiderait la compagnie à chercher un autre partenaire étranger. Le nom de la compagnie russe Aeroflot, membre comme Air France-KLM de l'alliance SkyTeam, est régulièrement cité à cet égard.

(ats/afp)

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