Primes maladie 2013Alain Berset veut un système «plus transparent»
Réactions politiques après l'annonce de la faible hausse des primes maladie pour 2013.
Alain Berset: «Un système plus transparent»
«Je tiens à ce que le système soit plus compréhensible et plus transparent qu'aujourd'hui», a insisté le ministre de la santé Alain Berset en présentant les primes maladie 2013 jeudi devant la presse. «Des travaux sont en cours, mais cela prend évidemment du temps».
Le conseiller fédéral a rappelé qu'il existe actuellement, avec tous les modèles disponibles, plus de 287'000 primes. «Certaines n'ont pas un seul assuré, ce qui montre qu'il y a un problème», a-t- il dit. Cette situation entraîne, à ses yeux, des procédures bureaucratiques inutiles.
Dans la procédure d'approbation des primes par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), il y a eu parfois d'intenses discussions avec les assureurs, a relevé Alain Berset. Mais aucune prime n'a été adoptée de manière limitée, comme cela a parfois été le cas par le passé en raison de la situation de certaines caisses. Toutes les primes sont cette fois-ci approuvées pour une année.
Pierre-Yves Maillard: «La hausse est encore supérieure aux besoins»
Bien que limitée à 1,5% en moyenne, la hausse des primes maladies 2013 est probablement encore supérieure aux besoins, estime Pierre-Yves Maillard. Pour le ministre vaudois de la santé, les réserves des assureurs sont «à nouveau pleines à raz-bord».
«Cette augmentation modérée n'est rien que de très normal après des hausses que nous avions déjà dénoncées comme excessives de 2010 et 2011», a déclaré à l'ats l'ancien président de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé. «Il y a eu une certaine hystérie chez les assureurs qui ont reconstitué des réserves colossales, et pas seulement dans les cantons de Vaud, Genève et Zurich».
Le ministre vaudois de la santé estime que les primes 2013 laisseront aussi un excédent dans les caisses des assureurs. «Cela démontre que le système d'approbation des primes ne fonctionne pas. L'OFSP doit avoir plus de pouvoir pour agir sur les primes trop hautes», commente Pierre-Yves Maillard.
Santésuisse:«Les coûts des médicaments sont encore trop élevés »
Santésuisse salue l'annonce de la hausse «relativement modérée» des primes mais reste prudent. La faîtière des caisses maladie souligne que ces primes ne sont que des pronostics et que l'évaluation des coûts de la santé pour 2013 est «particulièrement difficiles».
«Le nouveau financement hospitalier, entré en vigueur en janvier, complique ces pronostics», note Anne Durrer, porte-parole de santésuisse contactée par l'ats. «A peu près la moitié des tarifs hospitaliers sont encore provisoires».
Pour santésuisse, Les coûts des médicaments sont encore trop élevés. «Il y a une marge de manoeuve», estime Anne Durrer.
FRC: «Une bonne nouvelle»
Pour la Fédération romande des consommateurs (FRC), la hausse modérée des primes maladie est une «bonne nouvelle». «C'est un taux extrêmement bas», a dit la juriste de la FRC Valérie Muster au sujet de la hausse moyenne de 1,5% pour la prime d'un adulte.
«Nous nous interrogeons toutefois de savoir si cela est lié à une baisse des coûts de la santé ou à une meilleure gestion des réserves des caisses», a-t-elle commenté. «C'est difficile d'apporter une réponse car le système actuel est très opaque et basé sur des prévisions.»
Il s'agit de la deuxième plus faible hausse de ces dernières années. «La première fois c'était en 2007, année durant laquelle les Suisses ont été appelés à se prononcer sur un système de caisse unique.»
La FRC estime par ailleurs qu'il faut abandonner la notion de «hausse moyenne» qui ne prend par exemple pas en compte les modèles de franchises à option et alternatifs. Selon la juriste le l'organisation, «20% seulement des assurés auraient opté pour cette franchise minimale de 300 francs dans un modèle d'assurance traditionnel».
Pierre-François Unger: «On voit au moins une logique»
«On voit au moins une logique», a déclaré pour sa part jeudi Pierre-François Unger, conseiller d'Etat et chef du département de la santé genevois qui dénonce année après année des hausses inadmissibles qui dépassent de loin l'accroissement des coûts de la santé. Les primes avaient augmenté de 2,9% en 2012, de 3,1% en 2011 et de 4,1% en 2010.
Les primes moyennes pour les enfants baisseront de 2,7% alors que celles des jeunes adultes (19-25 ans) augmenteront de 3%. Si pour 2013, les nouvelles sont moins mauvaises que d'habitude, le conseiller d'Etat s'inquiète toujours des réserves excédentaires versées aux caisses, soit 450 millions pour Genève.
Il fonde ses espoirs sur un nouveau mécanisme de rétrocession de primes proposé jeudi dernier lors de la réunion de la conférence suisse des directeurs cantonaux de la santé (CDS). Ce système permettrait aux huit cantons qui ont trop payé de récupérer sur trois ans l'excédent.
CDS: «L'augmentation des primes reflète cette fois l'évolution des coûts de la santé»
Même son de cloche, donc, du côté du directeur de la conférence suisse des directeurs cantonaux de la santé, Carlo Conti. «L'augmentation des primes reflète cette fois l'évolution des coûts de la santé, salue M. Conti. «En tenant compte des coûts moyens de la santé pour le premier semestre 2012, une augmentation modérée des primes moyennes est donc justifiée», estime le Bâlois.
Il rappelle que les primes maladie d'une année sont toujours une estimation des coûts de la santé pour l'année suivante. Il est arrivé précédemment que la hausse des primes a été supérieure à la facture globale de la santé finalement comptabilisée et qu'ainsi certaines caisses ont pu se constituer des réserves. Mais cette fois, l'augmentation reflète l'évolution des coûts, signale-t-il.
Concernant le projet de caisse unique, il rappelle que lui-même et une majorité du CDS y sont opposés. Il se dit défavorable à une situation de monopole et considère que ce système ne permettrait pas de maîtriser les coûts.