Syrie: Alep: vive polémique entre Moscou et l'ONU

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SyrieAlep: vive polémique entre Moscou et l'ONU

Moscou accuse le patron des opérations humanitaires de l'ONU de malhonnêteté concernant sa vision des raids à Alep-est.

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Un accord a été conclu «sous la houlette de la Russie et de la Turquie» pour évacuer les civils et les rebelles à Alep. (13 décembre 2016)

Un accord a été conclu «sous la houlette de la Russie et de la Turquie» pour évacuer les civils et les rebelles à Alep. (13 décembre 2016)

AFP
Les rebelles se sont retirés lundi de six nouveaux quartiers importants d'Alep face à l'avancée de l'armée syrienne rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ils ne sont plus que dans une petite poche dans la deuxième ville de Syrie. La prise d'Alep n'est «plus qu'une question de temps», selon l'OSDH. (12 décembre 2016)

Les rebelles se sont retirés lundi de six nouveaux quartiers importants d'Alep face à l'avancée de l'armée syrienne rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ils ne sont plus que dans une petite poche dans la deuxième ville de Syrie. La prise d'Alep n'est «plus qu'une question de temps», selon l'OSDH. (12 décembre 2016)

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Plus de de 10'000 civils ont fui les quartiers rebelles d'Alep depuis minuit en raison des violents bombardements. (Dimanche 11 décembre 2016)

Plus de de 10'000 civils ont fui les quartiers rebelles d'Alep depuis minuit en raison des violents bombardements. (Dimanche 11 décembre 2016)

AFP

La Russie s'en est pris vivement mercredi au patron des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien. Ce haut responsable avait dénoncé les bombardements sur Alep-est comme une tactique pour vider cette partie de la ville de ses habitants.

Evoquant les raids russes et syriens sur Alep-est devant le Conseil de sécurité, Stephen O'Brien a estimé que «leurs conséquences sur la population ont été horribles». Il a dénoncé une tactique pour faire fuir les habitants d'Alep-est sous la menace: «Les civils sont bombardés par les forces syriennes et russes et s'ils survivent, ils mourront de faim demain».

«Cette tactique est aussi évidente qu'inacceptable», a-t-il ajouté. Il a cité des tracts «largués par des avions russes et syriens» et demandant aux habitants de fuir immédiatement Alep-est s'ils ne veulent pas «être exterminés».

Il a aussi accusé Damas et deux groupes armés, Ahrar as Sham (ex-Front al-Nosra) et Nureddin Zenki, d'avoir fait échouer les efforts de l'ONU pour évacuer des blessés d'Alep-est pendant la trêve décrétée par Moscou.

Déclaration «malhonnête»

L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a vivement réagi, en accusant Stephen O'Brien d'avoir fait «une déclaration malhonnête» et de se montrer «arrogant». Il a refusé de se laisser «sermonner comme à l'église».

«Vous devriez écrire un roman», a-t-il lancé, visiblement énervé. Il a reproché à Stephen O'Brien de ne pas avoir mentionné dans son rapport au Conseil que «huit jours se sont en fait écoulés sans bombardements» malgré la fin officielle de la trêve.

Soutien occidental

L'ambassadrice américaine Samantha Power et ses homologues britannique et français ont volé au secours de Stephen O'Brien. «On n'a pas droit à des félicitations quand on arrête de commettre des crimes de guerre pendant un jour ou une semaine», a ironisé Mme Power.

Elle a rejeté l'argument russe justifiant les bombardements par la lutte contre le terrorisme: «Est-ce que la Russie croit vraiment que tous les enfants d'Alep-est appartiennent à al-Qaida ?»

Stephen O'Brien «n'a fait que décrire la réalité», a renchéri l'ambassadeur britannique Matthew Rycroft, dénonçant «l'absurdité» des arguments russes. Moscou, a-t-il affirmé, doit cesser ses bombardements, user de son influence sur Damas et mettre en place des «pauses humanitaires suffisamment longues et coordonnées» avec l'ONU.

«Nous savons tous que l'obstruction de l'aide humanitaire est le fait du régime et de ses soutiens», a affirmé l'ambassadeur français François Delattre. «La clé, c'est la fin des bombardements».

Armes chimiques: Moscou sceptique sur la prolongation d'une enquête de l'ONU

La Russie a exprimé des réserves mercredi sur une proposition américaine de prolonger d'un an la mission d'experts de l'ONU enquêtant sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, après que ces derniers ont accusé Damas d'y avoir eu recours par trois fois contre son peuple.

L'ambassadeur russe auprès des Nations unies Vitali Tchourkine a déclaré qu'il voulait «une discussion sérieuse» sur le sujet.

(ats)

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