footAllemagne - Dortmund s'arme pour son "combat de David et Goliath" face au Bayern (PAPIER D'ANGLE)
Par Coralie FEBVRE Berlin, 25 août 2014 (AFP) - Au bord de la faillite il y a huit ans, le Borussia Dortmund va lever 115 millions d'euros pour résister au Bayern Munich, mastodonte financier qui menace d'écraser le championnat allemand de football.
"Le Bayern a pris une grosse avance, en démarchant le premier de grandes entreprises allemandes et internationales (...) Mais je suis convaincu que Dortmund peut devenir un concurrent sérieux", estime Peter Rohlmann, spécialiste du marketing sportif interrogé par l'AFP. Le BVB, seul club de football allemand coté en Bourse, a annoncé jeudi une augmentation de capital de près de 115 millions d'euros, à partir de mardi et jusqu'au 8 septembre. Trois de ses sponsors, dont l'équipementier Puma, ont promis d'y souscrire. Bien que le club de la Ruhr ait prévu de consacrer 40 millions d'euros à réduire sa dette, toute la presse voit dans l'opération un message adressé au Bayern. Les Bavarois viennent de chiper à Dortmund son attaquant vedette, Robert Lewandowski, un an après lui avoir ravi une autre pépite, Mario Götze. "A première vue, les deux meilleurs clubs de Bundesliga ressemblent à David et Goliath", commentait le quotidien économique Handelsblatt, résumant la rivalité singulière du "Rekordmeister", 24 titres nationaux, et de son concurrent aux 7 titres, largement distancé les deux dernières saisons. Au déséquilibre sportif répond leur inégale stature financière. Le Borussia est valorisé autour de 330 millions d'euros quand le Bayern, si l'on extrapole les 110 millions déboursés en février par l'assureur Allianz pour s'offrir 8,33% du club, tutoie les 1,3 milliard d'euros. Dortmund impressionne pourtant par sa "renaissance", rappelle Peter Rohlmann, après son violent décrochage sportif et financier des années 2000. Plombé par sa dette, éjecté des grandes compétitions européennes, le Borussia avait frôlé le dépôt de bilan en 2006 et doit notamment son salut... à un chèque du Bayern. Continûment bénéficiaires et mondialement célèbres, les Munichois ont inventé le "sponsoring actionnarial" que leurs adversaires rêvent d'imiter. Dès 2001, Adidas prenait 10% du capital pour 77 millions d'euros, suivi par Audi en 2009 et Allianz à l'hiver dernier. Le Bayern dispose déjà de succursales à New York et en Chine. A son tour, Dortmund s'apprête à ouvrir une représentation à Singapour et lorgne sur l'Asie du sud-est où son principal sponsor, le groupe de chimie Evonik, est bien implanté. L'organisme Brand Finance fait déjà du Borussia "la neuvième marque la plus reconnue" du foot mondial, grâce à la Ligue des champions (finaliste en 2013, quart de finaliste en 2014). Evonik, tout en prolongeant son contrat de sponsoring maillot jusqu'en 2025, a pris 10% du Borussia en juin pour 26 millions d'euros et devrait remonter au capital, tandis que l'équipementier Puma et l'assureur Signal Iduna, sponsors de longue date, s'apprêtent à y entrer. "Comme dans la vie, chaque copie n'est pas aussi bonne que l'originale", persiflait vendredi le patron du Bayern, Karl Heinz Rummenigge, dans une de ses piques rituelles aux Noirs et Jaunes. Mais les analystes, loin de voir dans le Borussia une pâle contrefaçon, vantent les atouts du club: une masse salariale restreinte - enviable à l'ère du fair-play financier -, une solide politique de formation et une ferveur locale sans équivalent, avec 80.000 spectateurs dans la "cathédrale" du Westfalenstadion et son célèbre "Mur jaune", la plus grande tribune debout d'Europe. "Dortmund devrait être récompensée pour son modèle rigoureux, en ces temps de régulation croissante", salue Richard Finch, de la société d'investissement Edison. Dans une longue note élogieuse, il détaille "le potentiel de développement à long terme" de la marque sur tous les fronts, des droits télévisés aux "réserves d'argent cachées" que constituent ses joueurs, formés au club ou achetés à bas prix. cfe/fjb/jcp