FranceAlpine renaît de ses cendres, vingt ans après
La dernière berlinette avait été produite en 1995. La prochaine devrait être dans les concessions l'année prochaine, promet Renault.

Carlos Ghosn, le directeur général de Renault, pose avec la star du jour, le dernier prototype Alpine Vision, dont le modèle de série sera très proche.
Le constructeur automobile français Renault a relancé officiellement, mardi, la mythique marque Alpine, célèbre pour ses voitures de sport. Le groupe espère que sa future berlinette du XXIe siècle lui apportera de belles retombées en termes d'image.
«Légèreté, agilité, sensualité et attention portée aux détails.» La future Alpine, attendue en 2017, «respectera l'héritage» de la marque mais sera «complètement moderne», a affirmé le directeur général de Renault, Carlos Ghosn, lors d'une conférence de presse à Monaco.
Le prototype Alpine Vision reprend, en plus abouties, les lignes du concept Alpine Célébration qui avait fait tourner les têtes aux 24 Heures du Mans en juin 2015, lui-même une interprétation de la Berlinette A110 des années 1960-1970.
On en retrouve en particulier la silhouette râblée, la face avant à quatre phares et la surface vitrée. Seule entorse à la légende, le concept-car biplace dévoilé à Monaco, en présence du prince Albert II, était peint en blanc et non du «bleu de France» habituellement associé à ces autos.
Commercialisation en 2017
«L'Alpine Vision est très proche de la voiture de série qui sera dévoilée d'ici à la fin de l'année, et qui arrivera dans les concessions en 2017», a promis le patron de Renault, lors de cette présentation en anglais. Selon Carlos Ghosn, cette voiture «accélérera de 0 à 100 km/h en moins de 4,5 secondes», soit mieux qu'une Porsche 911 Carrera.
Les futures Alpine seront vendues d'abord en Europe, puis en dehors du continent à terme, a assuré le directeur général. Celui-ci a dit voir en Alpine «une opportunité stratégique pour le groupe Renault», «une façon évidente d'entrer sur le marché des voitures de sport premium» pour trouver de nouveaux clients.
Retour annoncé depuis quatre ans
Renault réveille ainsi une marque mythique, fondée en 1955, qui était tombée dans son escarcelle en 1973 mais qui avait été mise en sommeil il y a 21 ans.
«Bien qu'aucune Alpine ne soit sortie des chaînes depuis 1995, Alpine représente toujours le rêve de la gloire en course, la performance et la passion pour des passionnés dans le monde entier», a argumenté Carlos Ghosn.
Le retour d'Alpine était évoqué depuis quatre ans, mais des doutes avaient émergé après l'échec d'un partenariat avec le britannique Caterham. De plus, ce projet devait beaucoup à Carlos Tavares, No 2 de Renault et passionné de sports mécaniques, qui était passé à la concurrence début 2014 en prenant la tête de PSA Peugeot Citroën.
Renault a nommé lundi un nouveau patron pour la marque, le Néerlandais Michael van der Sande, jusqu'alors directeur du marketing du groupe au losange, et passé par des constructeurs de «niche» comme Aston Martin, Tesla et Rolls-Royce.
«Le bon moment»
Reste la question des perspectives commerciales d'un tel produit alors que, depuis la crise de 2008-2013, l'heure est plutôt à la rationalisation des gammes. Cependant, Renault n'a pas le couteau sous la gorge puisque la firme a dégagé en 2015 presque 3 milliards d'euros de bénéfice net (3,3 milliards de francs).
«C'est le bon moment pour relancer Alpine. Le groupe Renault est actuellement en croissance et ses comptes sont solides», a rassuré Carlos Ghosn mardi.
Les concurrentes de celle que la presse spécialisée a déjà baptisée «A120» sont les Porsche Cayman, Alfa Romeo 4C et Lotus Elise, qui se vendent entre 45'000 et 65'000 euros (entre 50'000 et 72'000 fr.).
Vecteur d'image, surtout
Les petites Porsche, auréolées de leur image de marque, restent «les leaders incontestés de la catégorie», observe Ian Fletcher, spécialiste du secteur automobile chez IHS. Ce consultant ne voit pas Renault réussir à vendre plus de 1300 Alpine par an, à l'horizon 2018. «L'Alfa 4C ne s'est écoulée qu'à 2500 exemplaires dans le monde en 2015, y compris aux Etats-Unis», où Renault n'est pas présent, précise-t-il : «Ça vous donne l'échelle du marché.»
Mais la nouvelle Alpine, vecteur d'image, peut aussi constituer l'amorce d'une marque aux ambitions «premium», selon Ian Fletcher . «On parle déjà du potentiel d'un 4x4 urbain ou d'autres modèles, ce qui augmenterait la visibilité et donnerait à la marque des perspectives à long terme», note-t-il.