Les CFF s'apprêtent à rectifier le tir. Près de dix-huit mois après l'introduction de la surtaxe de 90 fr. en cas de non-présentation d'un titre de transport valable, la grogne des usagers mécontents a fini par remonter jusqu'à la direction de l'ex-régie. «Je ne souhaite pas que nos clients fidèles soient amendés pour une simple mésaventure, a déclaré son patron, Andreas Meyer. Ils ont mérité une souplesse appropriée.»

Dans les faits, l'usager technophile qui avait pris soin d'acheter son billet sur Internet mais qui n'était pas en mesure de le présenter – la batterie de son téléphone ayant entre-temps lâché – était sommé de payer la même amende que le fraudeur pur et dur. Dès le 1er juin, il devra s'acquitter de 30 fr., soit trois fois moins qu'aujourd'hui. «Nous voulons mieux faire la différence entre les voyageurs bien intentionnés et les resquilleurs», explique Patricia Claivaz, porte-parole des CFF.

Une distinction qui soulage les premiers concernés: les contrôleurs. «Ils sont très contents de cet ajustement», réagit Peter Moor-Trevisan, chargé d'information au Syndicat du personnel des transports (SEV). «Leur marge de manœuvre était devenue très petite, ils devaient punir presque tous les voyageurs.» Une politique unilatérale qui s'était traduite par une hausse du nombre d'agressions envers les contrôleurs: +20% en 2012. Ce nouveau barème ne devrait pas perturber pour autant l'équilibre budgétaire de l'ancienne régie, qui a encaissé pour près de 20 millions de francs d'amendes l'an dernier. «Le but de ce règlement est atteint; il permet de compenser le manque à gagner annuel dû à la resquille, concède Patricia Claivaz. Des recettes qui servent intégralement nos nombreux investissements.»

Un montant sur lequel les CFF peuvent compter; le nombre de passagers amendés restant stable: 1200 par jour.