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NorvègeAnders Behring Breivik a fait son salut d'extrême droite

L'extrémiste a fait son geste ce matin avant de rejeter la légitimité du tribunal, à l'ouverture de son procès pour le massacre de 77 personnes l'été dernier en Norvège.

par
AFP
Keystone

Une fois débarrassé de ses menottes dans le prétoire, Breivik s'est frappé le coeur de la main droite avant de tendre le bras, poing fermé, à l'adresse du public composé de familles de victimes, de survivants et de journalistes. Ce salut, explique-t-il dans son manifeste, représente "la force, l'honneur et le défi aux tyrans marxistes en Europe".

Vêtu d'un costume sombre, chemise blanche et cravate ocre, Breivik qui s'est présenté comme "écrivain" a déclaré aux juges: "Je ne reconnais pas le tribunal norvégien".

Entouré d'importantes mesures de sécurité et d'un intérêt médiatique considérable, le procès portant sur le massacre le plus sanglant commis en Norvège depuis la Seconde Guerre mondiale a débuté à 09H00 (07H00 GMT).

La première journée du procès doit être consacrée à la lecture de l'acte d'accusation et aux remarques préliminaires du ministère public, qui poursuit Breivik pour "actes de terrorisme", mais l'accusé aura aussi l'occasion de s'exprimer sur sa culpabilité.

Les quelque 200 personnes ayant pris place dans le prétoire --pour moitié des proches des victimes et des rescapés et pour moitié des journalistes--, ont vu entrer Breivik, qui s'est forcé à quelques sourires crispés, quelques minutes avant l'arrivée de la juge Wenche Elizabeth Arntzen qui a ouvert le procès.

Les quatre experts-psychiatres censés observer Breivik durant toute la procédure ainsi que les avocats de la défense et les procureurs étaient déjà en place.

La procureur Inga Bejer Engh a ensuite lu l'acte d'accusation et énuméré le nom des huit victimes mortes dans l'explosion de la voiture piégée près du siège du gouvernement, en précisant les causes de leur mort et en décrivant les dégâts matériels causés par l'explosion.

Durant ce temps, Breivik garde les yeux baissés, semblant lire un document.

"Un certain nombre de bâtiments y compris le bureau du Premier ministre (...) ne pouvaient être utilisés ni même fonctionner (...) pendant un certain temps", a rappelé Mme Bejer Engh, en estimant que ces attaques avaient en outre "créé la peur dans la population norvégienne".

Puis la procureur en vient au carnage perpétré sur l'île d'Utoeya où Breivik a massacré 69 jeunes, la plupart d'une balle froidement tirée dans la tête.

Dans le prétoire où règne un silence quasi religieux, on n'entend que la litanie des noms énumérés par Mme Bejer Engh. Breivik, lui, garde la tête baissée.

Son avocat, Geir Lippestad, a indiqué qu'il plaiderait non-coupable: s'il reconnaît les faits, Breivik estime avoir agi "en légitime défense" contre "des traîtres à la patrie" coupables, selon lui, de brader la société norvégienne à l'islam et au multiculturalisme.

L'extrémiste de 33 ans devrait s'expliquer à partir de mardi sur son geste qu'il a d'ores et déjà qualifié d'"atroce mais nécessaire".

Le principal point d'interrogation du procès qui devrait durer 10 semaines porte sur la santé mentale de l'accusé.

Jugé psychotique et donc pénalement irresponsable par un premier rapport psychiatriques l'an dernier, l'accusé a ensuite été déclaré sain d'esprit par une contre-expertise dont les résultats ont été publiés le 10 avril.

En dernier ressort, il reviendra aux cinq juges du tribunal d'Oslo de trancher cette délicate question dans leur verdict attendu en juillet.

Si Breivik est reconnu pénalement responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourra ensuite éventuellement être prolongée aussi longtemps qu'il sera considéré comme dangereux.

Dans le cas contraire, il devra subir un traitement psychiatrique dans un établissement fermé, potentiellement à vie.

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