CruautéAnimaux: «brutalité exceptionnelle» mais peines légères
La maltraitance envers nos compagnons à quatre pattes n'est pas assez lourdement sanctionnée en Suisse, clament les défenseurs des animaux, exemples à l'appui.
- par
- Renaud Michiels

La Fondation pour l'animal en droit dénonce entre autres des détentions de porcs «absolument inacceptables».
Des chats suppliciés. Des «pigeons kamikazes» empoisonnés. Des porcs martyrisés. Mais presque pas de grosse amende ni de prison ferme. Pour les défenseurs des animaux, les peines infligées en cas de maltraitance restent bien trop légères.
Comme chaque année, la Fondation pour l'animal en droit (Stiftung für das Tier im Recht, TIR) a divulgué ce jeudi ses données sur les maltraitances envers les animaux en Suisse. L'an dernier, 1691 procédures pénales ont été ouvertes pour cruauté envers les animaux. Premières victimes? Les chiens, avec 790 cas. (Découvrez tous les détails dans notre infographie.)
Légèreté «absolument inacceptable»
Pour la première fois depuis dix ans, le nombre de dénonciations est en baisse. Une bonne nouvelle? Pas vraiment: c'est principalement dû, explique TIR, à l'abrogation de l'attestation de compétence pour les détenteurs de chiens au 1er janvier 2017. Des propriétaires étaient condamnés pour non-respect des cours obligatoires, ils ne le sont plus.
Mais plus que l'ampleur des cas, c'est la légèreté des peines infligées que dénoncent les défenseurs des animaux. «Il est absolument inacceptable que des dispositions légales contraignantes soient toujours négligées et que les infractions à la loi fédérale sur la protection des animaux (LPA) ne soient toujours pas sévèrement poursuivies et sanctionnées», écrit la Fondation pour l'animal en droit.
Du sursis, du sursis et encore du sursis
Pour des cas graves de cruauté envers les animaux, la loi prévoit en effet jusqu'à trois ans de prison ou 20 000 francs d'amende. Or l'an dernier, selon les données récoltées par TIR, la médiane des amendes prononcées pour les entorses à la LPA correspond à 300 francs. Des sanctions en plus régulièrement accompagnées de sursis…
Dans son rapport annuel, la Fondation met en avant le cas des porcs. En 2017, lit-on, on a dénombré «seulement 91 procédures pénales» pour maltraitance envers les porcs pour une population de 2.5 millions de bêtes.
Or, est-il souligné, «les cas concernant des délits contre un porc enregistrés sont caractérisés par une brutalité exceptionnelle et une véritable indifférence des détenteurs envers leurs animaux. Les porcs concernés souffrent souvent dans des conditions de détention absolument inacceptables du point de vue juridique et les animaux malades se voient régulièrement refuser un traitement vétérinaire adéquat. À plusieurs reprises, la souffrance des animaux blessés ou malades est prolongée inutilement par le transport dans l'abattoir au lieu d'une euthanasie sur place.»
Un tortionnaire de chat condamné
Le rapport donne encore l'exemple de deux cas lourds. Celui des «pigeons kamikazes», qui avait défrayé la chronique. Un colombophile zurichois appliquait un pesticide hautement toxique sur ses pigeons. Le but? Tuer ses prédateurs, des faucons. Il a écopé de 15 mois de prison. Mais avec sursis. Un autre Zurichois a été condamné pour avoir torturé sans raison sept chats. Tous sont morts ou ont dû être euthanasiés. 18 mois de prison pour lui. Mais toujours avec sursis…