TurquieAnkara arrête les maires kurdes de Diyarbakir
Des affrontements ont eu lieu entre manifestants et policiers dans cette ville du sud-est du pays.

Gültan Kisanak et Firat Anli ont été interpellés dans le cadre d'une enquête sur des «activités terroristes».
De violents affrontements ont éclaté mercredi entre policiers et manifestants à Diyarbakir, grande ville du sud-est de la Turquie, a constaté un journaliste de l'AFP. Ces violences surviennent au lendemain du placement en garde à vue des deux maires de la ville à majorité kurde.
Des policiers déployés autour de la mairie de la ville ont repoussé des centaines de manifestants à coups de matraque, de grenades lacrymogènes et en faisant usage de canons à eau. Certains protestataires jetaient des pierres.

Gültan Kisanak, première femme élue à la tête de Diyarbakir, et son collègue Firat Anli ont été interpellés mardi soir dans le cadre d'une enquête sur de présumées «activités terroristes», a indiqué le parquet de la ville dans un communiqué.
Gültan Kisanak et Firat Anli sont soupçonnés d'avoir permis l'utilisation de véhicules municipaux pour les funérailles de membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) tués par les forces de sécurité, d'avoir «incité à la violence» ou encore d'avoir soutenu des appels en faveur d'une plus grande «autonomie», selon le parquet.
Les arrestations se multiplient
«Les pressions ne nous intimideront pas», ont scandé les manifestants à Diyarbakir. D'autres rassemblements de protestation contre ces gardes à vue étaient prévus ailleurs en Turquie, notamment à Istanbul.
Les autorités turques ont multiplié ces dernières semaines, dans le sud-est de la Turquie, les arrestations de responsables locaux accusés de «propagande terroriste» ou de «soutien logistique» au PKK qui mène une sanglante guérilla contre Ankara.
Le mois dernier, 24 maires du sud-est du pays soupçonnés d'être liés au PKK ont été suspendus et remplacés par des administrateurs nommés par le gouvernement. Cette mesure a déclenché des manifestations dans plusieurs villes de la région.
Reprise du conflit kurde
Epicentre du sud-est de la Turquie, Diyarbakir a été durement touchée par la reprise du conflit kurde à l'été 2015. Dans le district historique de Sur, les affrontements ont fait plusieurs dizaines de tués et provoqué des dégâts considérables.
Le PKK, considéré par Ankara et ses alliés occidentaux comme un groupe terroriste, et l'armée turque ont rompu, il y a un an, un fragile cessez-le-feu et repris les hostilités. Le conflit a fait plus de 40'000 morts depuis 1984.