CriseArgent de la BNS pour aider les cantons: cacophonie au PLR
Alors que nombre d’élus du PLR veulent que l’institution lâche 4 milliards de francs, les jeunes traitent leurs aînés «d’irresponsables».

- par
- Eric Felley

Le vice-président des jeunes PLR se dit «choqué» par les demandes faites par ses pairs à la BNS.
On dirait un conflit de générations… Jeudi, les présidents et chefs de groupe des PLR de Suisse romande ont publié un communiqué alarmiste sur la situation de nombreux petits patrons: «Nous faisons face à une situation d’urgence et les aides doivent donc être octroyées sans tarder. En effet, les délais administratifs et le mille-feuille bureaucratique doivent être immédiatement allégés pour répondre aux besoins des entreprises en attente d’indemnisation».
Quatre milliards
Jusque-là tout le monde est d’accord, mais les élus romands du PLR préconisent d’utiliser en partie l’argent de la Banque nationale suisse (BNS): «À ce titre, dit le communiqué, ils sont favorables à ce que la BNS étudie concrètement la possibilité de verser un montant supplémentaire et exceptionnel aux cantons de l’ordre de 4 milliards de francs en 2021. Ce versement s’inscrit ainsi dans la durée et serait exclusivement destiné à financer des mesures de lutte contre la pandémie et ses conséquences.»
Il y a deux semaines le conseiller national Christian Lüscher avait fait une proposition similaire qui avait surpris tout le monde. Et surtout la gauche qui avait applaudi. Il proposait aussi de passer de quatre à huit milliards de francs la contribution de la BNS à la Confédération et aux cantons pour cette année. Et deux milliards de plus pour les quatre ou cinq années à venir.
La BNS est responsable de la politique monétaire
Mais les jeunes du PLR ne voient pas les choses ainsi. Pour son vice-président, le Fribourgeois Nicolas Jutzet: «En demandant à la BNS de venir au secours de la politique, les politiciens mettent en danger l’indépendance de la BNS et fuient leur responsabilité». Dans un communiqué publié jeudi, les présidents des jeunes PLR de Suisse romande répondent à leurs aînés: «Sur le plan économique, cette demande ne fait que peu de sens, la Suisse n’ayant aucun problème pour s’endetter et ne paie même pas d’intérêts quand elle le fait. La BNS est responsable de la politique monétaire de la Suisse. Afin de protéger la politique monétaire contre toute velléité politique, cette tâche a été délibérément confiée à une institution indépendante, et non pas à la Confédération ou au Parlement».
Et de conclure par cette pique: «Il est particulièrement choquant qu’une mesure si irresponsable puisse être portée par des personnes s’engageant pour un parti dont les valeurs sont la liberté et la responsabilité».