ÉrythréeAsmara à nouveau visée par une roquette venant du Tigré
Ce deuxième tir de roquette visant l’Érythrée réanime les craintes d’une escalade du conflit à l’échelle régionale. Le nombre de victimes et l’étendue des dégâts restent encore inconnus.
La capitale de l’Érythrée, Asmara, a de nouveau été victime vendredi soir d’un tir de roquette depuis la région dissidente du Tigré, contre laquelle l’armée éthiopienne mène une opération militaire, ont indiqué quatre diplomates basés dans la Corne de l’Afrique.
«Une roquette venant du Tigré semble avoir atterri au sud d’Asmara (la capitale)", a déclaré l’un de ces diplomates, soulignant qu’aucune information n’était dans l’immédiat disponible sur d’éventuels victimes ou dégâts. Un second diplomate a déclaré qu’un second tir de roquette avait été signalé dans un quartier d’Asmara, mais cette information n’a pas pu être vérifiée.
Le Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF), au pouvoir dans cette région du Nord de l’Éthiopie frontalière de l’Érythrée, avait déjà revendiqué mi-novembre plusieurs tirs de roquettes sur Asmara, tombées à proximité de l’aéroport.
Ce deuxième tir visant l’Érythrée réanime les craintes d’une potentielle escalade du conflit à l’échelle régionale, alors que la communauté internationale s’inquiète des répercussions du conflit sur les civils.
«Dernière phase»
Lancée il y a trois semaines, le 4 novembre, l’opération militaire au Tigré est entrée jeudi dans sa «dernière phase» selon le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui a ordonné à l’armée de lancer une offensive sur Mekele, la capitale régionale, où sont retranchés les dirigeants du TPLF.
Vendredi, les autorités tigréennes ont accusé Abiy et Issaias Afeworki, le président érythréen, d’avoir ensemble «envahi» le Tigré, dans un communiqué lu à la télévision tigréenne.
Les forces tigréennes accusent l’Érythrée de prêter main-forte à l’armée fédérale éthiopienne en laissant son aviation décoller du territoire érythréen, mais aussi en intervenant militairement dans les combats au Tigré. L’Érythrée est l’ennemi juré du TPLF, qui a contrôlé durant presque 30 ans l’appareil politique et sécuritaire en Éthiopie.
Lorsque le TPLF était au pouvoir à Addis Abeba, Éthiopie et Érythrée se sont affrontées dans une guerre meurtrière entre 1998 et 2000. Les deux pays sont restés à couteaux tirés jusqu’à ce que Abiy Ahmed devienne Premier ministre en 2018, et fasse la paix avec Asmara.
De nombreux observateurs craignent que le conflit au Tigré n’entraîne l’Éthiopie et sa mosaïque d’ethnies dans une guerre communautaire, mais aussi qu’il ne déstabilise la Corne de l’Afrique.