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Don d'organesAssura lancera une initiative populaire si rien ne bouge

La caisse-maladie Assura veut que la législation sur la transplantation d'organes change radicalement.

La caisse-maladie Assura veut que la législation sur la transplantation d'organes change radicalement. Elle lancera une initiative populaire si rien ne bouge. Swisstransplant est «inactif», selon Jean-Paul Diserens. La fondation rejette les critiques et juge l'évolution positive.

Président de la deuxième caisse-maladie de Suisse en dehors des effectifs cumulés des groupes d'assureurs, Jean-Paul Diserens qualifie «d'obsolète» la gestion de la transplantation d'organes. Motivé par des raisons strictement «philanthropiques» et non financières, il veut changer les choses, quitte à provoquer, a-t-il affirmé mercredi à Lausanne devant la presse.

Diverses mesures sont préconisées, comme une communication plus moderne, la création d'un fichier centralisé et surtout une nouvelle législation (passer au consentement présumé du don d'organes). Si aucun changement notable n'est constaté «dans un proche avenir», Jean-Paul Diserens entend lancer une initiative populaire.

Suisse en queue de peloton

Pour le responsable, la Suisse est «le tiers-monde» en Europe sur ce dossier. Elle doit donc adopter le principe introduit dans des pays comme la France ou l'Espagne, qui ont deux et trois fois plus de donneurs. En clair, tout le monde devrait être donneur d'organes par défaut et ceux qui refusent auraient l'obligation de le dire, soit l'inverse de la pratique helvétique basée sur le consentement explicite.

«Ma formule: la mort source de vie», a déclaré Jean-Paul Diserens qui a mentionné des drames vécus de près et qui le poussent à agir. Son credo se base également sur un sondage effectué auprès des membres d'Assura.

Sondage «crédible»

Sur 200'000 courriels envoyés, plus de 5000 assurés ont répondu et de manière «très claire». La majorité est écrasante (90,5%) en faveur d'un changement législatif, le fichier centralisé est plébiscité à 96,8% et plus de 85% des sondés sont favorables à tout prélèvement d'organes.

Pour Assura, ce sondage est «crédible», avec un taux de réponse jugé «assez énorme» dans une telle opération. Pour encourager au don d'organe, la société a également participé au financement d'un documentaire intitulé «Transplant» réalisé par Christophe Chiesa. En cours de montage, il sera visible dans les salles puis à la TV.

Swisstransplant pas d'accord

Swisstransplant conteste les critiques. La fondation a été «très active» ces dernières années. Quant aux campagnes d'information, elles relèvent de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) et non de Swisstransplant, affirme Franz Immer, directeur de l'institution.

Le lancement d'une initiative populaire ne lui paraît en outre pas nécessaire. Deux motions parlementaires ont été déposées sur ce sujet, comprenant notamment le principe du consentement présumé. «On est dans la bonne direction et ça bouge beaucoup, même si c'est de façon suisse», relève Franz Immer.

Conseil fédéral sceptique

En réponse aux interventions des députés, le Conseil fédéral s'est dit prêt à examiner diverses mesures, y compris le consentement présumé, mais n'a pas caché son scepticisme. A ses yeux, les taux différents de dons d'organes ne peuvent pas s'expliquer par cet élément. Selon Swisstransplant, une personne décède tous les trois jours en Suisse en raison de la pénurie. Samedi est la journée nationale du don d'organes.

(ats)

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