Procès: Au tribunal pour un passage forcé

Actualisé

ProcèsAu tribunal pour un passage forcé

Deux véhicules se sont retrouvés bloqués l'un en face de l'autre le long d'une route étroite de Fribourg. Leurs conducteurs ont chacun déposé une plainte, estimant avoir été agressés.

par
Benjamin Pillard
L'incident s'est déroulé un vendredi de décembre 2014 vers 17 h 30, sur la route du Stadtberg, un tronçon de 750 mètres reliant la basse ville de Fribourg au quartier du Schönberg.

L'incident s'est déroulé un vendredi de décembre 2014 vers 17 h 30, sur la route du Stadtberg, un tronçon de 750 mètres reliant la basse ville de Fribourg au quartier du Schönberg.

Maxime Schmid

Le prétoire du Tribunal de la Sarine avait tout d'une cour de récréation, hier matin. Sauf que les enfants en question avaient largement dépassé l'âge de la maternelle: Stefan*, 44 ans – cadre auprès de l'une des grandes sociétés pharmaceutiques du pays – et François*, rentier AI de 58 ans. Les deux hommes se sont à nouveau fait face, plus de deux ans après s'être retrouvés bloqués l'un devant l'autre à bord de leur véhicule respectif, dans leur ville de Fribourg, route du Stadtberg.

La nuit venait de tomber ce vendredi de décembre 2014 vers 17 h 30 lorsque le puissant 4×4 Range Rover conduit par le quinquagénaire – dans le sens de la descente – et la Volvo break du directeur financier se sont retrouvés coincés dans le rétrécissement de 11 mètres situé le long de cette route reliant la basse ville au quartier du Schönberg. «La voiture qui arrivait face à moi (ndlr: prioritaire car dans le sens de la montée) s'était mise à accélérer, avant de s'arrêter sur sa gauche une fois parvenue au passage trop étroit pour croiser, a assuré François. Son conducteur en est sorti violemment en courant vers ma portière; je me suis senti agressé, j'ai eu peur et me suis mis à paniquer.» Si bien que le quinquagénaire a heurté un pilier en béton en faisant marche arrière, pour mieux faire demi-tour, renonçant à poursuivre sa route: «Je ne voulais pas de confrontation alors j'ai préféré partir.»

«S'il y a bien une personne qui a été agressée ici, c'est bien moi», a rétorqué Stefan, qui conteste être sorti en courant de sa Volvo, précisant qu'il était «en costard-cravate». «J'ai quitté mon véhicule pour relever le numéro de plaque de celui qui était en train de forcer le passage après m'avoir fait les grands phares. Ce monsieur n'a alors rien trouvé de mieux à faire que de donner un coup d'accélérateur en poursuivant sa route dans ma direction.» À l'origine de la procédure judiciaire – en ayant déposé une plainte le premier –, le quadragénaire avait déclaré à la police avoir été contraint de faire un pas en arrière pour éviter d'être heurté par la Range Rover, au moment du redémarrage au quart de tour du 4×4: «Je suis père de famille; je n'avais pas envie de me faire blesser ou écraser dans des circonstances pareilles!»

«Je n'ai pas touché ce monsieur, je suis simplement parti», s'est défendu François. «Mon client a saisi la justice pour signifier qu'un tel comportement n'est pas tolérable; son fils de 8 ans qui était assis à l'arrière de la Volvo a eu énormément peur», justifie Me Markus Meuwly, l'avocat du cadre procédurier. La décision du juge unique Jean-Marc Sallin sera communiquée la semaine prochaine.

* Prénoms d'emprunt

Ton opinion