Cyclisme sur pisteAvec lui, c'est du tout-cuisses
Robert Förstemann grille des tartines et déplace des poids lourds à la force de ses cuisses, qu'il exhibera dès mercredi aux Mondiaux.
- par
- Julien Caloz

Robert Förtsemann grille des tartines et déplace des poids lourds à la force des cuisses.
C'est toujours la même chose avec les grands événements: il y en a toujours pour tirer la tronche avant même que ça commence. Aux Pays-Bas, où se disputent les Mondiaux de cyclisme sur piste dès demain et jusqu'à dimanche, ce sont les coutures de la combinaison de Robert Förstemann qui font la tête. On peut toutefois les comprendre: elles ne seront pas vraiment ménagées par l'anatomie de leur propriétaire, dont le tour de cuisse avoisine les 74 centimètres – soit 14 de plus que le footballeur Xherdan Shaqiri.
Le pistard allemand justifie sa particularité anatomique par une mutation génétique particulière dont il serait porteur, où la myostatine (une protéine) n'inhibe plus la croissance musculaire et peut aboutir à une augmentation de la force en cas de surexpression. Une aubaine pour ce pistard de 31 ans, bien décidé à faire de ses cuisses son signe distinctif, au point d'y placer «une partie de son cerveau», selon un entraîneur adverse.
8 millions de vues sur YouTube
8 millions de vues sur YouTube Ces dernières années, Förstemann s'est ainsi peu à peu effacé pour faire de la place à ses deux membres hypertrophiés, dont, pas peu fier, il ne manque jamais de faire l'apologie sur les réseaux sociaux. Il les chérit, les bénit, leur assurant un entraînement spécifique en salle de sport. Son record en squats se situe à 280 kg, ce qui, selon l'avis d'une professeur de fitness, est «une grosse charge, on va dire». Ses clients n'ont jamais dépassé les 150, «gros max».
Robert Förstemann part donc avec une petite longueur d'avance à chaque course, mais la seule force de ses cuisses ne garantit pas la victoire; d'abord parce que ses adversaires ne manquent pas de panache («les braquets ont évolué, ça tire de plus en plus gros», commente un coureur), ensuite parce qu'il faut savoir composer avec le jeu tactique de ses adversaires. C'est pour ces deux raisons, entre autres (lire l'avis de l'expert ci-contre), que le coureur allemand n'a jamais fait mieux que champion du monde de vitesse par équipes en 2010.
Certains auraient renoncé depuis longtemps, mais Robert Förstemann se moque de ses places d'honneur comme de sa première paire de cuissettes. Il a trouvé son bonheur ailleurs; dans la reconnaissance du public, qui s'est rué sur la vidéo où on le voit griller un toast à la seule force de ses jambes. Véritables curiosités naturelles, ses cuisses ne suscitent toutefois guère de jalousie dans la profession. «Esthétiquement, ce n'est pas ce que je préfère, commente ainsi le pistard vaudois Gaël Suter, compatissant. Ça doit être assez compliqué pour lui de trouver des pantalons.»