NeuchâtelAvec son drone, elle sauve la vie des faons
Survoler les champs avant la fauche avec une caméra infrarouge, c'est le meilleur moyen de protéger les faons. La preuve dans le Val-de-Travers (NE).
- par
- Vincent Donzé
Se cacher dans l'herbe haute, c'est un piège mortel pour les faons. Dépourvus d'odeur, ils font la nique aux prédateurs, mais pas aux faucheuses.
À Noiraigue (NE), la fondatrice de SOS Chats Tomi Tomek en a eu la nausée il y a deux ans, en découvrant en contrebas de son refuge un faon coupé en deux. Une victime parmi 3 000, tuées chaque année en Suisse par une machine agricole.
Le canton de Vaud a réagi en 2017 en développant un système de repérage des ongulés par des drones: l'an dernier, le survol de 450 parcelles a permis de sauver 254 faons. D'autres ont suivi, comme Genève, avec une action conjointe de la Fédération cynégétique genevoise et de l'association agricole AgriGenève.
À 60 mètres
À Neuchâtel, Tomi Tomek a convaincu trois sponsors de financer l'acquisition d'un drone et la formation d'une bénévole. Samedi, avisée par un paysan prêt à faucher, Aurore a repéré un faon grâce au survol de sa parcelle par une caméra infrarouge, à une hauteur de 60 mètres.
«Quand on a localisé un point qui représente potentiellement un faon, on va voir à pied», détaille Aurore, qui porte des bottes dans la rosée matinale. Le faon est tellement invisible que l'opération se déroule à deux pour ne pas marcher dessus: une collègue s'avance un bras tendu et s'arrête lorsqu'à l'écran, sa main recouvre le faon.
Pas question cependant de toucher l'animal, au risque de le voir renié par ses parents: une caisse est posée sur l'animal, libéré après la fauche.
«Les paysans sont sensibilisés et la demande est forte», témoigne Tomi Tomek. Sa conclusion: «La vie d'une protectrice des animaux n'est pas facile tous les jours, mais le sauvetage d'un animal est une belle récompense pour tous les efforts fournis».