«La formule magique»: Avec Vanetta, YB chasse son passé

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«La formule magique»Avec Vanetta, YB chasse son passé

L’intérimaire bernois a remporté son premier match contre Servette (3-1) samedi. Avec une approche qui ressemble de plus en plus à celle qui a fait son succès sous Seoane. Décryptage.

Valentin Schnorhk
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Valentin Schnorhk

C’est désormais une question de jours. Ce dimanche, ou alors le week-end suivant, Young Boys sera officiellement dépossédé de son titre de champion de Suisse par Zurich. Au Wankdorf, la chose est intégrée depuis un bout de temps. En particulier depuis que Matteo Vanetta a été nommé ad interim à la place de David Wagner début mars. Mais tout n’est pas terminé pour YB, qui doit encore faire l’essentiel pour aller chercher le podium et la Conference League.

Matteo Vanetta aspire à retrouver le YB dominant du point de vue athlétique.

Matteo Vanetta aspire à retrouver le YB dominant du point de vue athlétique.

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Pour des Bernois qui étaient plus que friables ces dernières semaines, la victoire 3-1 contre Servette samedi permet de respirer et de retrouver un peu de sérénité. Et de légitimer le projet qu’essaie de (re)mettre en place Vanetta depuis sa nomination. «En reprenant l’équipe, un des points les plus importants sur lequel nous avons mis l’accent a été l’aspect physique: nous voulons redevenir l’équipe puissante qu’a toujours été YB», disait l’ancien adjoint de Gerardo Seoane il y a quinze jours. Retrouver l’identité qui a fait le succès du club de la capitale: tel est le plan du nouveau staff.

La quête de la domination athlétique

La différence est perceptible, mais tout de même sensible. Depuis la prise de fonction de Matteo Vanetta, Young Boys dispute 20% de duels défensifs supplémentaires à chaque rencontre. Alors que les Bernois ont toujours autant la balle (56% de moyenne, valeur identique à celle sous l’ère Wagner).

Signe d’une attitude qui a changé. «Les joueurs fournissent beaucoup d’efforts pendant la semaine pour parvenir à déployer cette énergie et cette force physique que nous voulons mettre dans le match, reconnaissait Vanetta samedi. Cela prend un peu de temps à mettre en place. On le fait depuis quelques matches, même si ça n’a pas toujours payé.»

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Contrôler la zone, pour être proche en cas de perte de balle: Elia rentre à l’intérieur et s’expose à une perte de balle, mais Niasse et Rieder restent couverture, prêts à jaillir.

Contrôler la zone, pour être proche en cas de perte de balle: Elia rentre à l’intérieur et s’expose à une perte de balle, mais Niasse et Rieder restent couverture, prêts à jaillir.

S’activer à la perte: A Zurich, les joueurs les plus proches du porteur mettent immédiatement la pression sur celui-ci, alors que les autres ferment les lignes de passe.

S’activer à la perte: A Zurich, les joueurs les plus proches du porteur mettent immédiatement la pression sur celui-ci, alors que les autres ferment les lignes de passe.

Sortir sur l’adversaire dos au jeu: Le marquage préventif de Zesiger sur Tosin est bon. Il intercepte directement la passe qui lui est destinée. Cependant, son intervention sera mauvaise et offrira une autre transition à Zurich. Qui inscrira le 2-0.

Sortir sur l’adversaire dos au jeu: Le marquage préventif de Zesiger sur Tosin est bon. Il intercepte directement la passe qui lui est destinée. Cependant, son intervention sera mauvaise et offrira une autre transition à Zurich. Qui inscrira le 2-0.

La volonté d’être plus proche de l’adversaire est manifeste. Elle s’exprime en particulier dans cette intention d’acculer ce dernier dans son propre camp. Cela suggère de ne pas le laisser respirer, et donc de maîtriser au mieux la transition défensive. À la perte de balle, notamment, où YB est à nouveau capable de déployer une certaine intensité dans le premier cercle (le plus proche du porteur de balle).

Mais aussi dans le marquage préventif où milieux et défenseurs bernois veillent à rester proches de leurs vis-à-vis, histoire de leur accorder le moins de liberté possible lorsque leur équipe récupère la balle. Quitte à paraître un peu plus défensif qu’avec Wagner. Ou du moins plus prudent.

Se restructurer

Parce qu’à Young Boys, le danger guette. Sous Wagner, la formation bernoise avait développé certains attributs un peu plus ambitieux dans le jeu: une liberté pour les latéraux de se projeter, une intention de développer un jeu avec plus d’amplitude sur la largeur, mais surtout une prise de risque qui l’amenait à se découvrir régulièrement.

Sauf qu’à force d’empiler les blessures, puis les départs, YB n’a plus été à même d’imposer sa domination aux adversaires. Jusqu’à inviter ces derniers à profiter des larges espaces qui s’offraient à eux en transition offensive. Un mal duquel les Bernois ne sont pas totalement soignés.

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Une structure plus prudente: YB prend désormais moins de risques en possession. Un des milieux (ici Lauper) accompagne les défenseurs centraux, alors que l’autre milieu reste à l’intérieur, en 3+1. Les autres joueurs resserrent la zone du ballon, à l’instar du latéral droit Blum, ou de Sierro ici (YB jouant alors en 4-3-3).

Une structure plus prudente: YB prend désormais moins de risques en possession. Un des milieux (ici Lauper) accompagne les défenseurs centraux, alors que l’autre milieu reste à l’intérieur, en 3+1. Les autres joueurs resserrent la zone du ballon, à l’instar du latéral droit Blum, ou de Sierro ici (YB jouant alors en 4-3-3).

Le danger des transitions: Mais YB reste fragile à la perte de balle. Surtout lorsqu’un joueur défensif «dépasse sa fonction». Ici, Lauper tente une percée dans l’axe et perd la balle. Or, il n’est pas couvert.

Le danger des transitions: Mais YB reste fragile à la perte de balle. Surtout lorsqu’un joueur défensif «dépasse sa fonction». Ici, Lauper tente une percée dans l’axe et perd la balle. Or, il n’est pas couvert.

La sanction est immédiate: Doumbia envoie Kramer au but.

La sanction est immédiate: Doumbia envoie Kramer au but.

Même si cela va mieux. Surtout parce qu’en phase de possession, YB prend plus de précautions. À l’instar de ce qu’il faisait par le passé sous Seoane. Par exemple, il construit ses actions en «3+1». Cette supériorité axiale lui permet d’éliminer la première ligne adverse, tout en se protégeant en cas de perte: un milieu prêt à sortir sur l’adversaire et trois partenaires en couverture.

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Mieux quadriller le terrain en action placée: Trois joueurs forment une première ligne, à la fois pour éliminer le pressing bâlois et se protéger. L’action se développe à l’intérieur, avec plusieurs joueurs dans l’axe. À l’opposé, le latéral gauche Garcia resserre dans l’axe.

Mieux quadriller le terrain en action placée: Trois joueurs forment une première ligne, à la fois pour éliminer le pressing bâlois et se protéger. L’action se développe à l’intérieur, avec plusieurs joueurs dans l’axe. À l’opposé, le latéral gauche Garcia resserre dans l’axe.

Une fois le ballon arrivé en zone 3, les milieux resserrent et protègent l’intérieur. En attendant, YB peut créer se créer une opportunité avec Elia touché.

Une fois le ballon arrivé en zone 3, les milieux resserrent et protègent l’intérieur. En attendant, YB peut créer se créer une opportunité avec Elia touché.

Aussi, il est demandé des latéraux (généralement Quentin Maceiras à droite et Ulisses Garcia à gauche) de se recentrer dès lors que le jeu se passe à l’opposé. Autrement dit, si leur apport offensif est valorisé, il n’est pas attendu d’eux qu’ils occupent la largeur en permanence.

En revenant se positionner dans l’axe lorsque leur alter ego déborde, ils assurent à YB d’avoir un joueur supplémentaire au deuxième ballon et à même de freiner l’éventuelle transition adverse. Ainsi, les chances de récupérer le ballon un peu plus haut sont augmentées.

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Anticiper le deuxième ballon: Sur une action côté gauche, la plupart des joueurs restent derrière la ligne du ballon, en orientant leurs déplacements vers l’intérieur, où la balle a le plus de probabilité d’être renvoyée.

Anticiper le deuxième ballon: Sur une action côté gauche, la plupart des joueurs restent derrière la ligne du ballon, en orientant leurs déplacements vers l’intérieur, où la balle a le plus de probabilité d’être renvoyée.

Le positionnement d’Edimilson Fernandes à la sortie lui permet de récupérer immédiatement la balle et d’installer l’action bernoise.

Le positionnement d’Edimilson Fernandes à la sortie lui permet de récupérer immédiatement la balle et d’installer l’action bernoise.

Le positionnement du latéral opposé: Garcia va être servi pour centrer à gauche. Le latéral droit Blum resserre à l’intérieur, où le ballon est susceptible de tomber.

Le positionnement du latéral opposé: Garcia va être servi pour centrer à gauche. Le latéral droit Blum resserre à l’intérieur, où le ballon est susceptible de tomber.

Car la gestion du deuxième ballon aura été un des problèmes majeurs durant toute la saison. Notamment sur les centres: la sortie de la surface a souvent été négligée, pour ne pas dire oubliée. Dorénavant, il est rare de ne plus trouver un, voire deux milieux se positionner autour de l’arc de cercle. De quoi, au moins, limiter les lignes de passes directes en contre-attaque.

Plus globalement, YB veille à placer plus de joueurs derrière le ballon lorsqu’il est en possession. La discipline de la recrue venue de Lille Cheikh Niasse lui assure une meilleure prévention générale. Quitte à prendre un peu plus de temps pour développer ses actions.

Le centre, comme valeur refuge

Young Boys l’accepte. Parce qu’il est aussi prêt à limiter quelque peu sa palette, pour retrouver ce qui lui convient le mieux. À savoir les centres. C’est ainsi qu’il est parvenu à dominer Servette samedi, en inscrivant ses trois buts de la sorte. Avec notamment un doublé de Jordy Siebatcheu, le meilleur buteur de Super League. «Nous avons été très bons techniquement dans ce domaine: c’est une caractéristique qu’YB doit avoir», soulignait Vanetta samedi.

Dès le premier match de Vanetta, YB a marqué sur un centre. Ici, Garcia trouve Siebatcheu.

Dès le premier match de Vanetta, YB a marqué sur un centre. Ici, Garcia trouve Siebatcheu.

Le total de centres effectués à chaque match a augmenté très légèrement, sur les six matches disputés par l’entraîneur de 43 ans. Mais surtout, son approche sert ces situations-là. Tout en ne se faisant pas totalement rase de la patte de son prédécesseur.

L’utilisation du demi-espace pour faire avancer les actions reste valorisée: les passes effectuées vers un ailier positionné dans cette zone entre l’aile et l’axe font toujours partie de l’éventail des Bernois. Cela était déjà le cas sous Seoane, mais principalement côté droit, lorsque Fassnacht jouait. Désormais, les deux côtés sont exploités.

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Fixer à l’intérieur, pour libérer les ailes: Sur une action placée, Niasse trouve Rieder entre les lignes. La plupart des Bernois (dont Ngamaleu à hauteur du rond central) sont à l’intérieur. Servette y est fixé. Rieder peut ouvrir sur l’extérieur vers Garcia, qui est seul.

Fixer à l’intérieur, pour libérer les ailes: Sur une action placée, Niasse trouve Rieder entre les lignes. La plupart des Bernois (dont Ngamaleu à hauteur du rond central) sont à l’intérieur. Servette y est fixé. Rieder peut ouvrir sur l’extérieur vers Garcia, qui est seul.

Le centre de Garcia est déposé dans une zone compliquée à défendre, où Siebatcheu surgit pour le 1-0.

Le centre de Garcia est déposé dans une zone compliquée à défendre, où Siebatcheu surgit pour le 1-0.

Rebelote sur le 2-0, où Rieder décale Edimilson Fernandes, qui bénéficie de liberté sur le côté.

Rebelote sur le 2-0, où Rieder décale Edimilson Fernandes, qui bénéficie de liberté sur le côté.

Cela permet notamment à YB de fixer l’adversaire à l’intérieur, pour se libérer les ailes. Et ainsi accorder plus de liberté aux centreurs. L’exemple a été poussé à l’extrême contre Servette, où tant Garcia que Fernandes ont eu toute la facilité de déposer le ballon sur la tête de Siebatcheu, sans être gênés par Bauer. Dans la situation d’YB, rien ne vaut les bases.

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