Depuis le 18 octobre dernier, Marco Streller est officiellement blessé. Ce qui était présenté comme une lésion anodine à une cuisse s'est transformé, il y a cinq jours de cela, en une hernie discale. Nécessitant sans doute une opération, le mal dont souffre l'attaquant du FC Bâle l'éloignera des pelouses durant de longues semaines, peut-être même jusqu'à la fin de l'année.

Et voilà l'avenir européen du club rhénan qui se dessine en pointillé. Avec cette question: le FCB peut-il rêver à des cieux radieux sans son capitaine et buteur emblématique? Tant de fois Streller avait été décisif lors des moments-clés sur la scène continentale (voir encadrés), désormais il faudra faire sans lui.

«Sans Marco Streller, le FC Bâle n'est plus la même équipe», tonne d'entrée Kubilay Türkyilmaz. Pour l'ancien attaquant international suisse (61 sélections/34 buts), c'est le système même du FC Bâle qui est remis en question lorsque son capitaine est absent. «Le système de jeu de Paulo Sousa, comme celui de ses prédécesseurs d'ailleurs, est totalement tourné autour du rôle de Streller.»

Même son de cloche chez Léonard Thurre, lui aussi buteur de métier. «Marco Streller a su évoluer intelligemment avec l'âge pour se rendre indispensable. Evidemment son absence va peser lourd, car aujourd'hui il fait l'unanimité de par ses qualités.»

Mais que diable a fait Marco Streller au bon Dieu pour devenir si primordial au rendement de son équipe? «Sa réputation préoccupe l'adversaire, qui se focalise sur lui et peut parfois se crisper, explique Kubi. Il attire les défenseurs et conserve très bien le ballon.»

«Son expérience sur la scène européenne le rend unique en Suisse, développe Thurre. Pour fixer une défense, ce qui constitue souvent un rôle ingrat, il n'a actuellement pas son pareil. C'est d'ailleurs une jolie revanche sur le destin pour lui de faire l'unanimité aujourd'hui, alors qu'il avait si souvent été critiqué par le passé.»

Déjà décisive par son enjeu, la rencontre de ce soir face à Ludogorets pourrait pointer du doigt une «lacune dans l'effectif bâlois», selon Kubilay Türkyilmaz. «Je ne comprends pas pourquoi le FC Bâle n'a pas engagé un attaquant du même profil pour le remplacer.» Et Thurre de le rejoindre: «On ne peut pas attendre d'un Embolo, du haut de ses 17 ans, le même rendement que d'un Streller.»

C'est bien sans son fer de lance que Bâle devra gagner ce soir, pour rêver encore à une qualification. «Vu la forme actuelle de Liverpool, le match face à Ludogorets est capital dans l'optique de la course aux huitièmes de finale, conclut Thurre. L'absence de Streller ne doit pas servir d'excuse.» Le FC Bâle, comme toutes les grandes équipes, n'en aura pas.