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FinanceBanques: les employés trahis

Hier, Eveline Widmer-Schlumpf a annoncé un accord avec les Etats-Unis. Les banques pourront dénoncer leurs salariés.

par
Cléa Favre
Ben

Les banques vont collaborer avec les autorités américaines et livrer les renseignements nécessaires pour défendre leurs intérêts. Parmi ces informations: le nom de leurs collaborateurs. Le couperet est donc tombé pour les employés de banque. Hier, le Conseil fédéral, par la voix d'Eveline Widmer-Schlumpf, a en effet annoncé avoir accepté les exigences de Washington. But de la manœuvre: régler le dossier des avoirs américains non déclarés déposés dans les établissements bancaires suisses. Le projet de loi passera devant le Parlement lors de la session d'été. Pour l'avocat genevois Douglas Hornung, les employés de banque ont vraiment de quoi trembler. Ils risquent plusieurs mois de prison ferme. Face à cette menace, la prise en charge des frais judiciaires par leur employeur constitue une maigre consolation. «Si vous avez eu des clients américains, vous êtes dans le collimateur de l'administration américaine qui peut décider quand elle veut de faire des exemples», explique-t-il.

A ses yeux, plus le poste occupé est important, plus le salarié est exposé. «La masse d'informations entre les mains des Américains est déjà énorme. Cet accord va la multiplier par trente! Rapidement, l'administration américaine sera en mesure de repérer les noms qui se répètent» poursuit-il.

Et ensuite, qu'adviendra-t-il de ces personnes? Elles seront arrêtées aux Etats-Unis ou pourront être recherchées par Interpol. Mais attention, prévient l'avocat genevois, pas moyen dans ce dernier cas pour les employés de savoir s'ils figureront ou non sur la liste de l'organisation policière. D'où un climat de grande incertitude qui pèse sur les employés de banque. «Cette peur, c'est justement le but de l'opération», affirme Douglas Hornung.

Du côté de la défense des salariés du monde bancaire, on est consterné. «C'est extrêmement difficile à avaler!» s'emporte Jean Christophe Schwaab, conseiller national socialiste vaudois et président romand de l'Association suisse des employés de banque. «Mais, tempère-t-il, nous avons obtenu les meilleures garanties possibles pour protéger les collaborateurs. Les partenaires sociaux ont pris leurs responsabilités.» L'Association patronale des banques en Suisse lui emboîte le pas. L'organisation affirme en effet que, pour elle, «la protection des employés est importante.»

En clair, quelles assurances pour les salariés qui seront jetés en pâture à l'administration américaine? «Ils seront directement informés par leur employeur. Les frais de justice seront pris en charge par la banque et il n'y aura ensuite aucun licenciement ni discrimination à l'embauche», rassure Jean Christophe Schwaab. Autre disposition destinée à ménager les employés: la création d'un fonds spécial, alimenté par les banques à hauteur de 2,5 millions de francs, à destination de ceux qui se retrouveront «dans une situation vraiment difficile».

Mais ce n'est pas tout. La chasse aux sorcières touchera d'autres domaines. Le sort réservé aux gestionnaires externes, avocats et fiduciaires, dont les noms seront eux aussi livrés, reste ainsi incertain. «Inacceptable», tonne l'association Fiduciaire Suisse. Et ce, d'autant plus qu'ils ne seront, eux, pas aussi bien protégés que leurs compagnons d'infortune, les employés de banque.

C'est quoi cette loi?

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