SauvetageBaptisé Al Capone, le matou bagarreur maté à Noiraigue
Le chat qui semait la trouble à Fontenais (JU) fait profil bas chez Tomi Tomek. L'animatrice du refuge SOS Chats sait gérer les cas désespérés.
- par
- Vincent Donzé
Le matou qui terrorisait le village de Fontenais (JU) possède désormais un refuge: SOS Chats à Noiraigue (NE). Un refuge et un nom choisi par l'animatrice Tomi Tomek: Al Capone. Il a aussi une marraine, la pasteure Françoise Surdez, célèbre pour ses cultes adressés aux animaux, aux Reussilles (BE).
On lui prêtait des habitants mordus, des maisons souillées et des rivaux massacrés. Il grognait, voire sautait sur des enfants, selon une employée communale de Fontenais.
Son territoire
Piégé il y a deux semaines par un bol de lait, Al Capone martyrisait tout un quartier, mordant ou griffant quiconque l'approchait, chipant le contenu des gamelles et urinant pour marquer son territoire.
Confié à l'Association jurassienne de protection des animaux, ce matou qualifié d'incontrôlable a été castré. Tomi Tomek a alors appelé le vétérinaire cantonal Flavien Beuchat: «Il faut sauver cette terreur».
«Très perturbé»
Le vétérinaire jurassien a trouvé judicieux d'expatrier le matou dans un autre canton, pour lui éviter d'être pris pour cible. Bénévole chez Tomi Tomek, Aurore a assuré le transfert de Saucy (JU) à Noiraigue (NE): «Il grognait, sans agressivité», dit-elle.
Euthanasier le matou noir et blanc? Il n'en était plus question. Le premier geste de Tomi Tomek: faire analyser le sang d'Al Capone, par crainte du VIF, l'équivalent félin du VIH: une déficience immunitaire.
Placé dans une double-cage, Al Capone reste «très perturbé», selon Tomi Tomek. «Tu peux lui parler à travers les grillages», a-t-elle prévenu. Le regard vide, le chat n'a pas bronché en présence du «Matin».
«C'est un pauvre chat chassé de partout qui mord de peur. Il va falloir beaucoup de temps et d'amour pour qu'il nous fasse confiance», commente la pasionaria des chats.
Elle en a vu d'autres
Tomi Tomek ne craint rien. Des chats errants récalcitrants, elle en a vu d'autres, avec 2'330 pensionnaires répertoriés depuis 1981. Comme Ali Khan, chargé d'héroïne et impossible à manipuler sans mettre de gants.
Même couleur, même tempérament: attrapé à Marin (NE), Pacco était le même bagarreur. Il a fallu de la patience et de la persévérance pour l'apprivoiser. «Et du Parfait: s'enduire la main de cette pâte à tartiner pour tenter une première approche, c'était le truc de ma compagne Elisabeth, qui se faisait mordre, griffer, et enfin lécher», rapporte Tomi Tomek.
Ses angoisses
Face à Al Capone, Tomi Tomek a rapidement décelé ses angoisses: «Il craint la main de l'homme et le manche du balai, comme s'il avait été battu».
Le chat Willis provoque le nouveau pensionnaire en jouant ostensiblement devant sa double cage. Ce crâneur provient d'une caravane sans fenêtre où sa maîtresse se prenait pour sa protectrice. Une histoire parmi 112, comme autant de félins actuellement soignés à Noiraigue.
Deux mois
Al Capone dort beaucoup. Il faudra deux mois pour l'ouvrir au monde extérieur, avec l'aide des chats du refuge qui viendront renifler sa nourriture. «En cas de bagarre, on gicle l'attaquant, lequel se lavera en pensant à autre chose», glisse T. T.
Tomi Tomek et ses bénévoles se mettront à la hauteur du matou, répondront à l'agressivité par la tendresse et tant pis pour les cicatrices. «Au contraire d'un chien, un chat ne doit pas être sermonné», précise la pasionaria. Rendez-vous dans deux mois.