Berne: Beat Rieder: nouveau Monsieur Propre du Parlement?

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BerneBeat Rieder: nouveau Monsieur Propre du Parlement?

Le conseiller aux Etats valaisan est à l'origine d'une nouvelle réglementation pour éviter que les élus acceptent des mandats liés à leur commission. Mais ses nombreux mandats à lui ne sont pas concernés.

par
lematin.ch
Beat Rieder (PDC/VS) a débuté au Conseil des Etats en 2015. Avocat d'affaires et administrateur de sociétés diverses, il ne sera pas touché par l'incompatibilité des mandats qu'il prône pour les nouveaux.

Beat Rieder (PDC/VS) a débuté au Conseil des Etats en 2015. Avocat d'affaires et administrateur de sociétés diverses, il ne sera pas touché par l'incompatibilité des mandats qu'il prône pour les nouveaux.

Gaetan Bally, Keystone

La classe politique suisse se félicite depuis la semaine dernière de l'acceptation par la Commission des institutions politiques (CIP) du National, par 15 voix contre 6, d'une initiative du conseiller aux Etats valaisan Beat Rieder (PDC/VS). Selon sa proposition, il ne sera plus possible à un parlementaire d'accepter, une fois nommé dans une commission, un mandat rémunéré (plus de 5000 francs) qui entre en conflit d'intérêt avec les sujets traités par cette commission.

Indépendance et crédibilité

«Je crois que personne n'apprécie le fait qu'un élu se voie offrir un mandat rémunéré après être entré dans une commission, a réagi Beat Rieder, précisément dans le domaine où il doit légiférer. Cela pèse sur l'indépendance et la crédibilité des parlementaires». Sa proposition a déjà été acceptée par la CIP des Etats et peut ainsi faire l'objet d'une proposition plus détaillée qui sera soumise ultérieurement aux Chambres.

Pas interdit, si avant

Cette évolution à Berne a suscité des réactions positives qui signalaient presque la fin du lobbyisme fédéral... Après moult tentatives de la gauche, notamment dans la commission de la santé, Beat Rieder serait-il le Monsieur Propre du Parlement que tout le monde attendait? En y regardant de plus près, la CIP du National précise bien: «La réglementation proposée n'interdit pas aux membres de l'Assemblée fédérale d'exercer d'autres mandats parallèlement à leur mandat parlementaire s'ils le faisaient déjà avant de rejoindre la commission concernée» (italique de la rédaction).

Une dizaine de mandats

Dans son cas, l'initiative Beat Rieder ne s'appliquerait pas à lui, dont les liens d'intérêts sont pourtant multiples. L'avocat de Wiler dans le Lötschental fait état d'une dizaine de mandats, qu'il possédait avant d'entrer au Conseil des Etats en 2015. Il est actif dans l'énergie, dans des sociétés de transports, dans l'immobilier, le tourisme, le commerce en gros de minerai et de métaux, dans la viande séchée valaisanne et travaille pour la Fédération suisse des avocats. En tout, cela fait onze mandats, tous rémunérés.

Pas d'incompatibilité pour lui

Cette situation, bien qu'antérieure, peut bien entendu soulever les mêmes questions d'indépendance et de crédibilité. Son travail d'expert pour la Fédération suisse des avocats est-il compatible avec son actuelle présidence de la Commission des affaires juridiques du Conseil des Etats? Ses mandats dans l'énergie, le tourisme et l'immobilier sont ils compatibles avec son siège à la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et de l'énergie? Probablement, puisqu'ils datent d'avant... Finalement, si ce règlement est établi, les nouveaux parlementaires et les milieux économiques sont avertis qu'à l'avenir, il faudra être plus proactif que réactif. Tout en respectant l'esprit du «service de milice», comme le précise bien le Haut-Valaisan.

Eric Felley

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