AthlétismeBen Johnson aurait été couvert par l’URSS
Après des révélations sur le dopage en URSS, puis en Russie, Grigory Rodchenkov fait la lumière sur d’autres zones d’ombre. Le Canadien est aussi éclaboussé.

- par
- Thibaud Oberli

Ben Johnson (à gauche) et Carl Lewis (à droite) après la ligne d’arrivée de la finale du 100 m à Séoul.
Les raisons du boycott des JO de Los Angeles par les Soviétiques en 1984, Ben Johnson positif aux stéroïdes deux ans avant les jeux de Séoul: les révélations contenues dans l’autobiographie de Grigory Rodchenkov sont fracassantes. L’ancien patron du laboratoire moscovite de l’Agence mondiale antidopage (AMA), réfugié aux États-Unis depuis 2015, a décidé de coucher sa vie dans un livre qui sortira le 30 juillet. Rodchenkov est déjà à l’origine des révélations de dopage institutionnalisé des athlètes soviétiques, puis russes. Dans ce livre, dont certains extraits ont été publiés ce dimanche dans le journal britannique The Mail on Sunday, plusieurs révélations sont explosives.
J’ai fraudé les autorités antidopage mondiales pendant plus de dix ans, pour la plus grande gloire des athlètes russes et satisfaire les bureaucrates du sport
Le boycott des Jeux de Los Angeles en 1984 par l’URSS
Selon l’ancien responsable de l’AMA à Moscou, le boycott des Jeux olympiques de 1984 par les Soviétiques a été provoqué par une peur d’un scandale international de dopage: «Les Soviétiques avaient prévu de cacher un laboratoire de contrôle du dopage à bord d’un navire dans le port de Los Angeles pendant les Jeux olympiques de 1984, après que Manfred Donike (ndlr: responsable antidopage du CIO) et Don Catlin du Laboratoire d’analyse olympique de l’UCLA avaient annoncé qu’ils seraient capables de détecter tous les produits – y compris le stanozolol et la testostérone – aux Jeux de Los Angeles». Le but de ce bateau spécial aurait été de «s’assurer qu’aucun athlète soviétique sale ne se rendrait sur les lignes de départ». Mais tout ne s’est pas passé comme prévu: «Quand Los Angeles n’a pas permis à notre navire d’entrer dans le port, ça a été la goutte d’eau. Le Politburo a tout débranché et boycotté entièrement les Jeux olympiques». Par contre, ce mystérieux bateau aurait aussi été aperçu en 1988 dans un port de Corée du Sud.
J’ai fait son analyse. Le résultat n’a jamais été rapporté
Ben Johnson positif avant l’heure?
Les déclarations éclaboussent aussi un autre athlète, déjà déchu de son titre olympique sur 100 mètres aux Jeux de Séoul. Il s’agit du Canadien Ben Johnson. Selon Rodchenkov, un contrôle aurait été positif au même stéroïde que celui détecté en 1988, plus tôt dans la carrière du sprinter. En 1986, lors des Goodwill Games de Moscou, quatorze tests antidopage auraient été positifs, sans que le ministère soviétique en charge des sports ne les rapporte à l’agence antidopage. «Ben Johnson a battu Carl Lewis, mais a ensuite été testé positif au stanozolol. J’ai fait son analyse. Le résultat n’a jamais été rapporté».
Ces déclarations sonnent comme un mea culpa de la part de Grigory Rodchenkov, qui dévoile toujours plus d’éléments sur les secrets du sport soviétique et russe dont il faisait partie. On en apprendra peut-être encore plus dans quelques jours, lorsque le livre sera en librairie.