PandémieBerlin veut renoncer à son frein à l’endettement pourtant sacré
La limitation du déficit public, chère à l’Allemagne, pourrait voler en éclats temporairement pour donner de l’oxygène à l’économie assommée par le Covid-19.
La chancelière Angela Merkel et son chef de la chancellerie Helge Braun.
L’Allemagne doit suspendre durablement la règle du frein à la dette publique afin de ne pas brider la reprise après la pandémie de Covid-19, réclame mardi le chef de la chancellerie, Helge Braun, dans la presse.
«Le frein à l’endettement ne sera pas respecté dans les années à venir, même avec une discipline de dépenses par ailleurs stricte», prévient Helge Braun, un proche de la chancelière Angela Merkel, dans une tribune publiée par le quotidien économique Handelsblatt.
Aussi, le renoncement durable à la limitation aux déficits est une «décision stratégique pour la reprise économique», de même qu’elle offre un «cadre fiable pour les investissements», avance Helge Braun.
Cela évitera aussi de relever les prélèvements sociaux «d’ici la fin de 2023» et de procéder à des «augmentations d’impôts», ajoute-t-il.
0,35% du PIB
La règle du frein à l’endettement, inscrite dans la Constitution allemande, interdit en temps normal au gouvernement fédéral d’emprunter plus de 0,35% de son PIB.
Dans des circonstances exceptionnelles, celui-ci peut toutefois demander à la chambre des députés l’autorisation de dépasser ce seuil.
Cela s’est passé en juin quand le pays a lancé un plan de relance de 130 milliards d’euros pour des investissements d’avenir et une relance de la consommation, faisant sauter la règle du frein à l’endettement après des années de stricte discipline budgétaire.
Ces dépenses occasionneront 300 milliards d’euros de nouvelles dettes en 2020 et 2021 pour la première économie de la zone euro, selon le ministère des Finances.
Helge Braun est certes opposé à l’utilisation durable de l’exception liée aux catastrophes naturelles comme en 2020 et 2021, ce qui ouvrirait une «porte à un assouplissement permanent de la règle de la dette».
Amendement réversible
Selon le chef de la chancellerie, il s’agirait en revanche de «combiner une stratégie de relance de l’économie en Allemagne avec un amendement à la Loi fondamentale» permettant de graduellement revenir, après quelques années, dans la règle du frein à l’endettement.
Malgré un recours exceptionnel à l’endettement dû à la pandémie, l’Allemagne est le pays le moins endetté du G7.