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Politique des transportsBerne favorise trop le rail, selon l'USAM

L'Union suisse des arts et métiers (USAM) critique les projets gouvernementaux, qui, selon elle, privilégient trop le rail au détriment du réseau routier.

La route est «une artère vitale pour les PME», défend Hans-Ulrich Bigler, directeur de l'USAM.

La route est «une artère vitale pour les PME», défend Hans-Ulrich Bigler, directeur de l'USAM.

Keystone

L'Union suisse des arts et métiers vient une fois de plus à la rescousse du trafic routier. L'usam accuse le Conseil fédéral de favoriser le rail au détriment de la route. Or le réseau routier a aussi besoin d'aménagements, le coût économique des embouteillages atteignant près de 1,5 milliard de francs par an, selon l'usam.

La route est «une artère vitale pour les PME», l'acheminement des marchandises et l'approvisionnement de l'économie à l'échelle locale s'effectuant principalement par ce biais. Or deux projets actuellement discutés dans les commissions parlementaires négligent cette forme de transport tout en avantageant le rail, a dénoncé l'usam mardi devant les médias à Berne.

L'usam s'oppose dès lors au projet d'augmentation du prix de la vignette autoroutière de 40 à 100 francs par an. «Le taux d'autofinancement de la route est aujourd'hui déjà supérieur à 100%. Malgré tout, ses usagers se voient encore frappés par des charges excessives d'impôts et de taxes», déclare Hans-Ulrich Bigler, directeur de l'usam.

Le mois dernier, la commission compétente du National a proposé un compromis à 70 francs. Il y a trois ans, près de la moitié des quelque 600 PME romandes sondées acceptaient un doublement du prix de la vignette autoroutière pour financer de nouveaux tronçons routiers. En l'état, cette solution n'était alors pas retenue par l'usam.

Financement croisé indésirable

Autre projet contesté par l'organisation faîtière des 300'000 petites et moyennes entreprises de Suisse, le projet de financement et d'aménagement de l'infrastructure ferroviaire (FAIF). Si l'usam se dit satisfaite du rejet par le gouvernement de l'initiative de l'ATE «pour les transports publics», elle estime que le contre- projet que représente le FAIF ne constitue pas une solution à ses yeux.

Selon l'usam, le fonds d'infrastructure ferroviaire proposé «grave dans le marbre le financement croisé - et indésirable - du rail par la route». La faîtière des PME critique en particulier le fait que le subventionnement du rail par la route serait désormais non seulement illimité dans le temps, mais encore complété par la réduction des frais de transports déductibles pour les pendulaires.

La mobilité devient ainsi globalement plus coûteuse, ce qui touche de plein fouet les PME, tributaires de la route. Le directeur de l'usam estime choquant de trouver dans le projet du gouvernement des propositions concrètes sur le financement et l'aménagement de l'infrastructure ferroviaire, alors que rien de comparable n'apparaît pour l'infrastructure routière.

Principe de comodalité

L'usam exige un abandon immédiat de la politique de transfert de la route au rail. Il est temps de changer de paradigme et de se convertir au principe de comodalité, en harmonie avec les efforts déployés sur le plan européen, affirme l'usam.

Selon l'organisation, le transport de marchandises dans son ensemble doit se dérouler aussi bien par routes que par rails. Le chemin de fer a essentiellement pour vocation d'assurer le transport au long cours de marchandises peu périssables, tandis que la route est plutôt vouée à l'acheminement de produits finis de haute qualité à l'échelle locale.

Inciter plutôt qu'obliger

Et l'usam d'appeler le Département fédéral des transports à modifier sa politique. Au lieu d'imposer des mesures coercitives aux dépens de la route, ce qui n'a d'ailleurs produit aucun résultat jusqu'ici en termes de transfert route-rail, la politique des transports doit tabler davantage sur des mécanismes d'incitation conformes à l'économie de marché, écrit-elle.

A l'intérieur même du réseau routier, l'usam demande la fixation de priorités dans l'élimination des goulets d'étranglement et la réalisation de nouveaux tronçons autoroutiers. Vu la situation précaire des finances fédérales, la réalisation des contournements du Locle et de la Chaux-de-Fonds (NE) doit être suspendue au profit de projets dans l'Arc lémanique (un grand contournement de Morges VD) et la région zurichoise (Glattal).

La réaction de l'ATE

(ats)

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