Hockey sur glaceBientôt des interviews sous la douche?
De plus en plus de clubs de hockey suisses suivent l'exemple nord-américain et acceptent les journalistes dans le vestiaire.
- par
- Sport-Center

22h30 à la Resega vendredi dernier: les portes des vestiaires s'ouvrent pour les journalistes.
«Ce qui se passe dans le vestiaire ne sort pas du vestiaire»: combien de fois n'a-t-on pas entendu des entraîneurs ou des joueurs se réfugier derrière cette phrase pour ne pas répondre aux questions - forcément pernicieuses... - des journalistes?
Mais en National League de hockey, la mode est au changement. Quatre clubs (Davos, Lugano, Zoug et Lausanne) ont en effet décidé d'ouvrir les portes de leur vestiaire aux représentants des médias. Ceux-ci peuvent ainsi, immédiatement après les matches et pendant une dizaine de minutes, poser leurs questions aux joueurs.
«Nous avons mis cela en pratique dans un esprit d'ouverture et de transparence, explique Jean-Jacques Aeschlimann, Chief operating officer du HC Lugano. Chez nous, on repart un peu de zéro et on cherche à reconstruire sur de bonnes bases. Cela nous a semblé être un bon moyen de nous rapprocher des médias. Cette initiative a été très appréciée des journalistes.»
Et des joueurs aussi? «En tout cas, je n'ai rien entendu de négatif de leur part. Comme cette pratique a cours en NHL, ça leur plaît forcément. Et puis, nous gardons quand même un œil sur ce qu'il se passe dans le vestiaire pendant ces dix minutes. Nous faisons en sorte que ce ne soit pas l'envahissement général.»
«On est tous des acteurs du hockey»
Directeur sportif du Lausanne HC, Jan Alston parle aussi d'une «collaboration professionnelle» qu'il s'agissait de mettre sur pied. «Joueurs, entraîneurs, dirigeants, journalistes, on est tous des acteurs du hockey suisse, précise-t-il. Après les matches, les joueurs ont des besoins - comme les soins ou les massages - et les journalistes ont les leurs, en l'occurrence pouvoir réaliser des interviews. En ouvrant les vestiaires pendant dix minutes, on satisfait tout le monde.»
L'arrivée de la nouvelle Vaudoise aréna n'est pas étrangère à ce nouveau modus vivendi du côté du LHC. «On en a parlé par le passé, mais on ne voulait pas mettre cela en œuvre dans notre patinoire provisoire, confirme Alston. Dès l'ouverture de notre nouvelle enceinte, nous aurons l'outil adéquat pour permettre ce rapprochement dans les vestiaires.»
Une zone mixte à Fribourg
Tout autre son de cloche du côté de FR Gottéron, ainsi que le confirme son directeur général Raphaël Berger: «Pour la saison qui vient de débuter, la question ne s'est pas posée. Nous évoluons dans une patinoire en travaux dans laquelle le cheminement est tellement complexe qu'il était exclu d'y ajouter des journalistes. Dès la saison prochaine, nous aurons une zone mixte entre les deux vestiaires, et cela devrait suffire. Personnellement, je ne vois pas trop ce que le fait d'ouvrir les vestiaires peut apporter de plus aux journalistes.»
Et, pour ce qui est de l'habitude existante en NHL: «Les choses sont bien différentes. En Suisse, les vestiaires sont un lieu de vie de tous les jours, puisque les entraînements ont lieu au même endroit que les matches. Aux États-Unis et au Canada, ce n'est pas le cas. Et je ne pense pas que le vestiaire de leur centre d'entraînement soit ouvert aux journalistes. On veut copier les choses, mais l'environnement n'est pas le même. Je doute que cela puisse avoir un vrai effet.»
GE Servette n'a pas non plus choisi d'ouvrir la porte de son vestiaire. Chef matériel du club genevois depuis 2002, Jimmy Omer a de la peine à se positionner sur la question. «Est-ce un avantage pour les journalistes? Si oui, et que cela n'embête pas trop les joueurs, pourquoi pas? Encore faut-il que le vestiaire soit suffisamment grand. Mais si cela n'amène rien de plus aux médias et que cela dérange les joueurs, à quoi bon? Et puis, connaissant l'ambiance qui peut régner dans un vestiaire après une victoire, je ne vois pas comment le journaliste pourra bien faire son travail!»
La douche au champagne pourrait bientôt faire partie des risques du métier.