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RétrospectiveBjörk s'expose au musée MoMa de New-York

De mars à juin, le MoMa offre une rétrospective à la carrière de la singulière chanteuse islandaise. Un modèle pour de futures expositions?

Une visiteuse photographie les pochettes d'album de Björk à New York.

Une visiteuse photographie les pochettes d'album de Björk à New York.

Brendan McDermid, Reuters

Le vénérable Museum of Modern Art (MoMA) de New York s'est attaqué à l'une de ses plus singulière et complexe rétrospectives. Il a fait entrer la musique, en l'occurrence la pop-électro de Björk, au musée.

Le MoMA, temple du «Pop Art», ambitionne non seulement d'illustrer la carrière largement expérimentale de l'Islandaise, mais aussi d'offrir un précédent à d'autres musées en multipliant les supports. Le tout en prenant le visiteur par la main.

La rétrospective Björk, qui s'ouvre dimanche 8 mars et dure jusqu'au 7 juin, propose une déambulation onirique sur deux étages à travers les huit albums solos de l'ancienne chanteuse des déjantés Sugarcubes.

Le clip de «All is full of love» réalisé par Chris Cunningham en 1999

Chaque visiteur a droit à un casque audio qui débite un récit biographique imaginaire de Björk censé mettre sa musique en exergue.

Le narrateur, Antony, le chanteur au timbre chaud du groupe Antony and the Johnsons, incite à la réflexion à chaque tableau qui compose cette fresque écrite par le poète islandais Sjon. Au cœur de l'intrigue: une fillette née dans les sables noirs qui se lance dans la défense des plus faibles.

«Repousser les limites de la technologie et du son»

L'exposition propose aussi les tenues les plus extravagantes de Björk, comme la «robe-cygne» blanche qu'elle avait portée pour la remise des Oscars en 2001, ou des «instruments» utilisés par l'artiste, à l'instar de cette bobine Tesla, un transformateur électrique qui a fait son apparition dans l'album «Biophilia» en 2011.

En coulisse, la fameuse «robe-cygne» sur le compte Instagram du musée

«Björk nous a demandé de repousser les limites de la technologie et du son, mais surtout de ce que nous pouvions faire dans le cadre d'une exposition», a expliqué à la presse Glenn Lowry, directeur du MoMA, quelques jours avant le vernissage.

«Je pense que la seule règle à respecter était de casser les règles», a-t-il ajouté, qualifiant l'exposition de «compliquée, exaltante». «C'est l'un des projets les plus intéressants sur lesquels j'ai eu la chance de travailler.»

Une exposition hagiographique?

S'il est difficile de priver Björk du titre d'artiste novatrice, les tenants d'une certaine orthodoxie en matière d'art visuel ne manqueront pas de s'interroger sur le bien-fondé de cette exposition qui accorde tant d'espace du prestigieux MoMA à une musicienne.

D'autant que la rétrospective tourne parfois à l'hagiographie. Les photos, ainsi que des mannequins à l'effigie de la star, sont omniprésents.

Lors de la présentation à la presse mardi, Björk, qui a travaillé plusieurs années sur l'exposition, est apparue furtivement et s'est contentée de remercier le MoMA, avant la projection du clip de sa chanson «Black Lake».

«La musique comme véritable expérience»

Pour prouver que son travail n'est pas figé, Björk va accompagner l'ouverture de l'exposition qui lui est consacrée de plusieurs concerts intimistes à et autour de New York. La première date est prévue samedi au célèbre Carnegie Hall.

Klaus Biesenbach, un des responsables du MoMA, raconte que Björk lui a demandé pour préparer l'exposition de la considérer comme une «musicienne, une chanteuse et une compositrice». «Est-ce que le MoMA peut créer une exposition dans laquelle la musique constitue une véritable expérience, comme la peinture en est une?»

Et Klaus Biesenbach d'espérer que cette rétrospective ne reste pas un événement éphémère, mais bel et bien un «instrument» qui pourra, à plus long terme, servir de modèle à de futures expositions.

(ats)

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