Publié

CinémaBradley Cooper: «J'ai dit non à des millions pour ce film»

L'acteur a présenté vendredi à la Mostra de Venise sa première mise en scène, «A Star Is Born» avec Lady Gaga. Interview.

Henry Arnaud
Hollywood
par
Henry Arnaud
,
Hollywood

Fin juillet, l'acteur invitait une dizaine de journalistes à découvrir avant tout le monde les premières minutes de «A Star Is Born» avec Lady Gaga. Notre correspondant était parmi les heureux élus.

«La Suisse est peut-être un petit pays en surface mais tient une grande place dans mon cœur, c'est pour cela que je tenais à vous parler de mon travail», dit Bradley Cooper, interviewé dans les studios Warner de Burbank en Californie. Avec le remake de «A Star Is Born», présenté ce vendredi 31 août à la Mostra de Venise, l'acteur signe sa première grande mise en scène. Lady Gaga succède à Barbra Streisand dans cette nouvelle version.

Vous êtes l'acteur principal mais aussi le réalisateur de «A Star is Born». Pourquoi avoir souhaité signer la mise en scène?

Cela fait des années que je me prépare pour passer derrière la caméra. Je voulais trouver une histoire qui me parle totalement. J'ai toujours pensé qu'il existait plusieurs hommes en moi. Depuis l'enfance, la musique m'attire, par exemple. J'adore aussi les histoires d'amours brisées qui décrivent la réalité et la complicité des relations humaines. Bref, tout est réuni pour me plaire dans «A Star is Born».

N'avez-vous pas essayé de réaliser un court-métrage avant de vous lancer dans un blockbuster?

On m'a proposé cela, on m'a aussi offert de réaliser un pilote ou l'épisode d'une série mais je n'y voyais pas d'intérêt. J'ai collaboré avec de grands metteurs en scène comme David O. Russell et Clint Eastwood, qui m'ont laissé libre de m'impliquer dans le processus technique du film, comme participer au montage. Je me sentais prêt mais je voulais attendre le projet qui soit à 100% pour moi. J'ai donné plusieurs années de ma vie pour «A Star isBorn» mais j'avais 41 ans en démarrant ce projet et je me sens prêt pour cette transition.

Est-ce à dire que vous allez tourner le dos à la comédie?

Non, mais avec le succès de mes précédents films en tant qu'acteur, je suis dans une position où je peux proposer à un grand studio comme Warner de jouer mais surtout réaliser une œuvre. Je ne voulais pas rater cette opportunité. Je suis impliqué à tous les niveaux dans «A Star is Born», devant, derrière la caméra mais aussi dans l'écriture. Donc si le film est une réussite ou un bide, c'est moi le responsable!

On a parlé de Beyonce, Shakira et Jennifer Lopez pour le rôle féminin. Pourquoi avoir choisi Lady Gaga?

J'étais à un gala de charité contre le cancer. Lady Gaga a chanté «La vie en rose» et je suis tombé sous le charme. Je ne connaissais rien d'elle. Je ne l'avais jamais rencontrée dans son intimité, en dehors du personnage de scène. Son agent a organisé un rendez-vous chez elle. Quand elle est venue me voir, j'ai été subjugué par ses yeux. Le regard est quelque-chose de capital pour moi. Elle a un piano dans son salon et j'ai eu le courage de lui demander si l'on pouvait chanter quelque chose tous les deux. Nous étions juste tous les deux chez elle et cet impromptu au piano a été un instant magique. Ensuite, il a fallu convaincre les studios Warner d'accepter Gaga car elle n'avait pas fait de films avant cela. Notre collaboration a été totale. Elle, la chanteuse qui m'a aidé à prendre confiance devant un micro et une foule... Et moi le comédien qui l'ai aidée à ouvrir son cœur pour jouer devant une caméra sur grand écran.

Est-il exact que Lady Gaga a exigé que les chansons soient filmées en direct et pas en playback comme dans la quasi-totalité des films musicaux?

Vrai. J'ai partagé son avis car j'aurais certainement été frustré de faire du playback devant des milliers de spectateurs. Il y a sept ans, j'étais à un concert de Metallica et on m'a invité à monter sur scène. Je me suis installé derrière le batteur ce qui m'a donné une perspective unique sur l'ambiance d'un méga concert vu depuis la scène. J'ai tout de suite su que je voudrais démarrer mon film de cette manière. La première scène dure près de 7 minutes à un concert depuis la scène. Il est impossible de faire semblant dans ces conditions en trompant la salle avec des acteurs qui font du playback. Il m'a fallu trouver ma voie comme chanteur et ma voix comme compositeur pour devenir Jackson Maine, mon personnage. Gaga était aussi parfaite sur ce plan car elle a tenu à participer activement à l'écriture des chansons de notre version de «A Star is Born».

Votre film est la 4e version de «A Star is Born». Qu'est-ce qui fait de cette histoire quelque-chose qui traverse le temps ainsi?

Cette histoire d'amour est universelle et tout le monde peut s'identifier dans ce couple quelque soit son âge.

Vous avez certainement dit non à plusieurs films durant les 3 ans que vous avez pris pour le vôtre, non ?

Absolument, j'ai dit non à plusieurs projets et à plusieurs millions de dollars pour réaliser ce film, mais c'est mon choix! J'avais voulu remonter sur une scène de théâtre à Broadway et j'avais refusé plusieurs belles offres de cinéma pour jouer dans «Elephant Man». A la quarantaine, je dois prendre des décisions qui m'importent dans ma carrière sans me soucier de l'argent car j'ai la chance d'être à l'abri du besoin.

Avez-vous revu les anciennes versions du film avec Barbra Steisand ou Judy Garland?

Non et je n'ai pas une seule seconde pensé à cela. Je voulais une version 2018 différente et actuelle tout en conservant cette histoire d'amour entre une star de la chanson et une jeune artiste débutante.

Avez-vous eu un moment de doute durant toute cette grosse production hollywoodienne?

Mon plus gros doute a été le premier jour où j'ai dû chanter avec Lady Gaga. Elle a une telle voix et présence sur scène que je ne pouvais pas passer pour un comédien qui fait semblant d'incarner un chanteur. J'ai eu peur de ne pas être crédible mais la réaction de la foule m'a rassuré car les spectateurs ont vraiment joué le jeu avec moi.

Ton opinion