AthlétismeCaster Semenya devra limiter son taux de testostérone
L'athlète sud-africaine voulait faire annuler un règlement imposant aux femmes «hyperandrogènes» de faire baisser leur taux hormonal. Le Tribunal arbitral du sport ne lui a pas donné raison.
- par
- Ugo Curty
Analyse de la sociologue Lucie Schoch autour de l'athlète sud-africaine Caster Semenya et de l'hyperandrogénie dans le sport.
Caster Semenya a perdu son bras de fer contre la Fédération internationale d'athlétisme. Le Tribunal arbitral du sport de Lausanne n'a pas donné raison à la double championne olympique (et triple championne du monde) du 800 mètres ce mercredi 1er mai. Elle a désormais 30 jours pour faire appel.
L'athlète sud-africaine avait saisi le TAS en juin 2018 pour contester un nouveau point du règlement de l'IAAF. La fédération internationale veut imposer un taux maximal de testostérone autorisé chez les femmes pour les distances comprises entre 400m et le mile (soit 1607m).
Une «discrimination nécessaire»
Les athlètes étant au-dessus de ces standards devraient suivre un traitement médical sur six mois. Cela serait le cas de Caster Semenya qui est hyperandrogène. C'est à dire que son corps produit naturellement des hormones masculines, dont la testostérone.
Ce mercredi, le Tribunal arbitral a estimé dans cette décision que ce règlement était une «discrimination», mais que celle-ci «constituait un moyen nécessaire, raisonnable et proportionné» afin de «préserver l'intégrité de l'athlétisme féminin dans le cadre de certaines disciplines».
Cette sentence, longue de 165 pages, peut être contestée devant le Tribunal fédéral suisse dans un délai de 30 jours. Le TAS a néanmoins avancé de «sérieuses préoccupations» quant à la mise en application du règlement.
L'IAAF avance au pas de course
L'IAAF a réagi dans la foulée en se félicitant de cette décision. La Fédération internationale veut aller vite désormais. Elle a annoncé que le règlement entrerait en vigueur dès le 8 mai prochain, soit dans exactement une semaine. Les athlètes concernées «sont donc incitées à débuter leur traitement suppressif au plus tôt».
De son côté, Caster Semenya a publié sur les réseaux sociaux une phrase en anglais: «Sometimes it's better to react with no reaction». Ce qui pourrait être traduit par: «Parfois il vaut mieux réagir sans réaction». Une citation qui laisse augurer que la Sud-Africaine ne s'exprimera pas davantage dans l'immédiat.
Décision reportée
Le TAS avait reçu les deux parties à Lausanne durant une semaine à la mi-février. La grande partie de ces auditions avait été tenue dans un lieu gardé secret pour échapper à l'attention médiatique que soulève ce cas. Devant la complexité de l'affaire, le Tribunal arbitral a retardé sa décision. Une première date butoir avait été fixée au 26 mars. Les trois arbitres ont donc eu besoin de plus d'un mois supplémentaire pour statuer.
Semenya à Doha vendredi?
La Diamond League débute ce vendredi à Doha. Le règlement voulu par l'IAAF ne sera pas encore en vigueur. Caster Semenya pourrait donc s'y aligner, même si elle ne figure pour l'instant pas dans la liste de départ provisoire du 800 mètres féminin.
La cité qatarie accueillera les championnats du monde du 29 septembre au 6 octobre prochain. Avec ou sans Caster Semenya? La présence de la Sud-Africaine semble de plus en plus menacée.