Football: Ce FC Sion est vraiment «inclassable»

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FootballCe FC Sion est vraiment «inclassable»

En l’emportant à Lucerne (2-1), le club valaisan a changé d’horizon. L’objectif d’accrocher la 8e place n’est plus utopique, même si tout demeure fragile.

par
Nicolas Jacquier
LM

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Au moment du coup d’envoi mercredi soir à Lucerne, à quoi les joueurs du FC Sion pouvaient-ils donc bien penser? Sans doute avaient-ils été informés du carton signé par le FC Thoune en ouverture de cette 33e journée (5-1 contre Servette). Voilà qui n’était pas franchement la meilleure nouvelle du début de soirée, de nature à déstabiliser une équipe qui n’aurait pas été pleinement concentrée sur son objectif – à savoir la quête de trois points devenus obligatoires en raison des circonstances.

Or ces trois points, Sion les a obtenus, sur le même score que Xamax 72 heures plus tôt, alors même que la série négative des Valaisans en déplacement, privés de succès à l’extérieur depuis 10 mois, n’incitait pourtant pas à un élan d’optimisme béat. Comme quoi, il ne sert à rien de désespérer… Décrocher une victoire compliquée dans un contexte qui l’était tout autant n’avait rien d’évident. Mais les visiteurs, apparus solidaires comme jamais, n’ont rien lâché. On peut y voir l’expression d’une équipe en ordre de mission, qui sait ce qui l’attend et comment y répondre.

Trop souvent cette saison, on avait pu reprocher aux Valaisans de jouer de manière intermittente, avec une performance très inégale au cours d’un même match. Ce constat s’est à nouveau vérifié à la Swissporarena où, après avoir très clairement dominé Lucerne en première période au point de donner l’impression de pouvoir maîtriser assez sereinement la partie, Sion allait retomber dans ses travers favoris.

Les choix gagnants du coach

Sauf que cette fois-ci, les petits détails qui jouaient habituellement en sa défaveur ont tous tourné de son côté. C’est l’arbitre qui, en première mi-temps déjà, avait laissé l’action se poursuivre sur le 1-0 alors que Kasami, resté au sol, hurlait sa douleur. C’est ensuite Lucerne qui, avec la sortie de son buteur Binous sur blessure, s’est pénalisé tout seul en étant contraint de terminer à dix, Celestini ayant épuisé toutes ses possibilités de changement. C’est cette dernière balle arrêtée qu’un pied lucernois aurait pu pousser au fond mais que personne n’a dévié de sa trajectoire, etc. Et l’on a assez souvent critiqué les options frileuses de Tramezzani pour ne pas reconnaître ici la pertinence de ses choix. Il a titularisé le néophyte Theler et le trop souvent brouillon Itaitinga, deux hommes transformés en buteurs providentiels.

Sion n’a bien sûr encore rien gagné avec cette victoire mais il a déjà obtenu le droit d’y croire, ce qui est considérable. Ces derniers temps, on avait plutôt le sentiment que son seul objectif se limiterait, dans le meilleur des cas, à éviter la place de relégué. Aujourd’hui, on s’aperçoit qu’il a changé d’horizon et qu’il peut ambitionner de viser la huitième place en échappant ainsi aux barrages. Que l’on soit bien clair: ce n’est pas encore le grand ciel bleu, le soleil et la plage, mais à Tourbillon, les lourds nuages noirs sont peut-être en train de se dissiper.

Toucher le fond pour mieux rebondir

Il est assez symptomatique de constater que Sion n’est peut-être jamais aussi fort qu’en étant au bord d’un précipice qui semble l’attirer avant de rebondir ensuite. Comme s’il lui fallait obligatoirement d’abord toucher le fond – ou se faire très peur – avant de songer à mobiliser ses forces derrière un potentiel servant ses qualités. Comme s’il fallait attendre la fin pour restaurer le début.

Jan Bamert incarne à lui seul l’éventail des possibles. Sa métamorphose souriante épouse la courbe d’un destin collectif. Alors que le jeune défenseur, apparu à la rue en début de saison avant de disparaître des écrans radars, personnifiait l’échec, le voici qui s’est désormais imposé comme un titulaire indiscutable autour duquel s’articule la défense valaisanne. De bon à rien dont plus personne ne voulait à patron indispensable, la trajectoire de Bamert raconte aussi combien la confiance peut être l’élément clé d’une carrière.

Au moment où beaucoup de formations, lessivées d’avoir tant donné - on songe à Saint-Gall en premier lieu mais cela peut concerner aussi Servette et Lucerne, l’un et l’autre victime de leur générosité -, ont atteint leurs limites avec la multiplication déraisonnable des matches qui usent les corps, le club valaisan semble prendre un malin plaisir à repousser les siennes sinon à les découvrir.

La vérité, c’est que ce FC Sion-là, entre vertiges éprouvés et volonté assumée d’échapper au destin qu’on lui prédit, paraît inclassable, capable en même temps de séduire et d’irriter. Cela en fait autant la force que sa fragilité.

Il reste 12 jours et quatre matches au FC Sion pour assumer son nouveau statut : celui d’une équipe qui a su se renouveler (4 matches/8 points) au moment même où tous les signaux semblaient passer au rouge et la condamner. Aujourd’hui, sa bataille pour le maintien, certes loin d’être gagnée, exige pourtant un sans-faute. Cela commence samedi contre Thoune et se terminera au mieux le 3 août contre Servette, son meilleur ennemi, à l’occasion d’un derby du Rhône sans doute décisif.

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