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Internet«Ce type de vote n'est pas démocratique»

L'e-voting sera élargi lors du prochain scrutin. Le président du Parti pirate vaudois, Gaël Marmillod, dénonce des risques de dictature numérique.

par
Lise Bailat
Gaël Marmillod estime que le danger de fraude est plus élevé avec le vote électronique.

Gaël Marmillod estime que le danger de fraude est plus élevé avec le vote électronique.

Le Matin

Les citoyens suisses qui veulent voter via Internet sont de plus en plus nombreux. Ils seront 164?000 le 17 juin, soit 48?000 de plus que lors du dernier scrutin. Une évolution approuvée dernièrement par le Conseil fédéral contre laquelle le Parti pirate s'insurge. «La sécurité absolue du système ne peut être garantie. Il y a toujours un risque de détournement de son but d'origine, et cela nous dérange. On propose avec le vote électronique une boîte noire au citoyen. Ce type de vote n'est simplement plus démocratique», réagit le président du Parti pirate vaudois, Gaël Marmillod.

La polémique n'est pas nouvelle, mais elle enfle depuis les votations fédérales du 11 mars. Un électeur enregistré dans le canton de Lucerne avait alors pu voter deux fois via Internet avec la même carte de vote, erreur immédiatement corrigée. «C'est un incident très rare, mais sans conséquence sur le résultat du vote. On ne peut pas parler d'une faute, mais d'un bug. Les exploitants du système ont ensuite pris des mesures», explique Thomas Abegglen, collaborateur à la Chancellerie fédérale. Qui souhaite rassurer les sceptiques: «Je peux affirmer que la sécurité est le point principal des systèmes de vote électronique développés en Suisse. Nous n'avons jusqu'à présent jamais eu d'intrusion. Nous n'avons toutefois jamais dit qu'il y a une sécurité à 100%. Ça n'existe d'ailleurs pas.»

Le vote traditionnel risqué aussi

La pratique du vote traditionnel a aussi ses écueils. Thomas Abegglen: «Mon point de vue citoyen, c'est qu'on parle beaucoup des risques du vote électronique, car tout le monde connaît des histoires de piratage. Mais on parle peu des risques inhérents au vote traditionnel, qui sont pourtant nombreux.» Comptage des voix inexact, vol des enveloppes, captation de suffrages: les exemples récents ne manquent pas.

Mais Gaël Marmillod estime que l'e-voting est plus risqué quand même: «Avec le vote traditionnel, il est peu probable qu'on ait un cas de fraude qui se déclare dans tous les bureaux de vote. Tandis qu'avec le vote électronique, c'est centralisé, avec la probabilité qu'on ne découvre jamais qu'il y a eu manipulation. Dans le cas du système de Genève, il suffirait d'avoir trois personnes dans la poche pour manipuler les résultats.» Le scepticisme des Pirates est partagé par des élus vaudois aux Chambres fédérales. Le sénateur Luc Recordon (Vert) et le député Jean Christophe Schwaab (PS) ont déposé dernièrement des interpellations à ce sujet. Le Conseil fédéral promet de livrer un rapport complet sur le vote électronique l'an prochain.

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