Chantiers«Ces travaux, c'est l'enfer»
La route entre Aigle et Château-d'Œx (VD) compte un nombre record de chantiers simultanés, prévus jusqu'en 2018. Les riverains accusent le coup.
- par
- Benjamin Pillard

Les voitures doivent passer jusqu'à cinq feux sur un trajet de moins de 20 km.
«Les travaux requis ne sont pas considérables, et pourtant ces chantiers sont interminables!» Maquettiste dans un atelier d'architecture, Patrick Michel (58 ans) parcourt chaque jour la trentaine de kilomètres entre son domicile d'Aigle (VD) et son bureau de Château-d'Œx, dans le Pays-d'Enhaut. Sauf que depuis le printemps, des feux réglant une circulation alternée se sont multipliés le long de cette route d'altitude: pas moins de cinq sur un tronçon d'à peine 20 km. «L'année 2016 connaît un nombre important de chantiers de maintenance: par leur proximité immédiate de la chaussée, ils peuvent causer des entraves à la circulation», prévient l'Etat de Vaud sur sa page consacrée à cette route du col des Mosses, la RC 705.
Conséquence: les temps de parcours peuvent doubler aux heures de pointe. «Le matin, j'arrive juste à l'heure à mon travail en me levant un peu plus tôt, mais c'est surtout au retour, où j'arrive à Aigle 45 minutes plus tard, et c'est encore pire les vendredis soir», grogne le pendulaire Michel. Des minutes pourtant vitales pour le travail des urgentistes. «Il y a souvent des accidents de circulation assez graves le long de cette route, trop étroite sur une voie pour que les ambulanciers ou pompiers puissent croiser. Et pour monter en hélicoptère les jours de brouillard, ils peuvent oublier…»
Appels mécontents
«Nous ne pouvons pas anticiper les risques liés à des urgences médicales, dont les services sont régulièrement informés des perturbations», réagit le voyer cantonal responsable du secteur de l'Est vaudois, Henri Ravussin. Qui ne cache pas avoir reçu, depuis deux mois, une dizaine d'appels et de courriels d'administrés mécontents et pressés de connaître la date de fin de ces travaux sans précédent. «Il s'agit de plusieurs chantiers simultanés, liés à la réfection des ouvrages d'art, à la pose de filets visant à retenir les chutes de pierres, ainsi qu'à un renforcement des bords de certaines chaussées», poursuit le voyer, qui précise que certains feux de circulation resteront actifs jusqu'en 2018. «Nous faisons le travail en fonction des disponibilités financières de l'Etat. Cet échelonnement des chantiers évite une succession de perturbations encore plus importantes.»
«On a plutôt l'impression qu'il n'y a pas une grande coordination», estime Philippe Grobéty, syndic d'Ormont-Dessus (Les Diablerets), l'une des quatre communes directement concernées. «Cinq feux, ça fait beaucoup, surtout que des radars mobiles sont régulièrement mis en place entre deux chantiers.» Son homologue d'Ormont-Dessous (Les Mosses), Gretel Ginier, estime pour sa part qu'une signalétique devrait être installée afin de renseigner les usagers de la durée des travaux.