Tennis«C'est terrifiant de tenir ce trophée»
Stefanos Tsitsipas était sous le choc après son titre au Masters. Et comme le Grec possède un sens de la formule très personnel...
- par
- Mathieu Aeschmann ,
- Londres

Stefanos, pouvez-vous mettre des mots sur la semaine extraordinaire que vous venez de vivre?
Je suis complètement transporté. À la base, j'étais super-excité de pouvoir découvrir l'univers du Masters. Pour moi, c'était déjà énorme. Et maintenant, j'en suis le champion et je ne sais pas trop comment l'expliquer. Franchement, là, je ne ressens rien parce que trop d'émotions se mélangent. En un sens, c'est terrifiant de tenir ce trophée. Je me souviens avoir souvent regardé ce tournoi à la télévision. Et je me disais: «ces gars ont joué une saison de dingue pour se qualifier». Or maintenant, c'est moi qui suis là, comme champion en plus. C'est un sentiment génial.
Il y a quelques années, vous avez failli vous noyer. Est-ce que cette expérience vous fait encore plus apprécier de tels moments?
(Il réfléchit) On peut le voir comme ça. Mais en réalité, je n'ai plus trop repensé à cette expérience. J'étais très proche de mourir ce jour-là et, au final, cela m'a apporté du positif. Je suis reconnaissant à n'importe quel Dieu qui se trouve là-haut de m'avoir sauvé. Il m'a donné la possibilité de vivre, d'être l'un des meilleurs joueurs du monde et de me battre pour des grands titres. Alors oui, vous avez raison, ce genre d'expériences vous réveille en quelque sorte.
Zverev et Thiem ont dit samedi qu'ils étaient convaincus que l'un d'entre vous allait remporter un Grand Chelem en 2020. Vous en sentez-vous capable?
Le truc avec le «Big Three» qui domine les tournois du Grand Chelem depuis trois ans, c'est qu'il faut que quelqu'un les sorte tôt. Car plus ils avancent dans le tournoi, plus ils se sentent à l'aide et plus ils deviennent forts. Or c'est très difficile de les battre sur le format au meilleur des cinq sets parce qu'il leur offre plus de chances de rester dans le match. Combien ont-ils compilé de titres à trois? Presque soixante (55 en réalité)? Pour nous les jeunes, c'est une question de temps. Je ne sais pas. Il faudra les battre ou attendre qu'ils partent. Après, je sens que mon jeu devient de plus en plus efficace. Et je crois vraiment que je suis très proche d'un titre en Grand Chelem. J'ai conscience que ce sont des phrases fortes. Mais je sens que je fais partie du club. Aujourd'hui, j'ai joué contre l'un des meilleurs joueurs du monde et tous les efforts que je fournis au quotidien font que je mérite ce dénouement.
Diriez-vous qu'il est possible ou probable que vous remportiez un Grand Chelem en 2020?
J'aimerais bien répondre; cela voudrait dire que je peux prédire le futur. Pensez-vous que je savais, il y a un an, que j'allais atteindre les demi-finales de l'Open d'Australie? Je pensais que ça pouvait arriver mais plus tard. Le truc, c'est que tu ne peux pas te mettre dans la tête que tu dois gagner tel ou tel tournoi du Grand Chelem. Le tennis ne marche pas comme ça. Rafa (Nadal) l'a expliqué souvent: tu ne dois pas jouer pour gagner un tournoi mais pour gagner chaque match, l'un après l'autre. C'est ainsi. Il ne faut pas trop voyager dans le futur parce que les choses ne vont pas toujours comme tu le souhaites.