MercantileCette poste qui vend des... fours à pizza
La vente d'objets sans lien avec sa mission semble toucher à sa fin chez le géant jaune. Mais il s'offre un baroud d'honneur.
- par
- Raphaël Pomey

Ces fours à pizza étaient en vente lundi à la poste de Pully. Hier, ils avaient disparu...
Vous aimez la fondue? Ou alors êtes-vous plutôt cuisine italienne? Souriez parce qu'on a trouvé un super magasin pour vous. Enfin, un magasin un peu spécial malgré tout puisqu'il s'agit d'un office postal de la région lausannoise, de taille modeste. Lundi, ce dernier mettait des fours à pizza et des caquelons (en action) en évidence au milieu de la salle principale. Que La Poste vende des objets sans grand lien avec son activité n'est pas une nouveauté. Voici 14 ans, maintenant, que l'ex-régie fédérale (dont la Confédération détient 100% des actions) vend des «produits de tiers», comme elle les appelle. Mais ces deux cas sont «particulièrement extrêmes», selon Mathieu Fleury, secrétaire général de la Fédération romande des consommateurs. Son organisation avait déjà tapé du poing sur la table à propos des bonbons vendus dans les bureaux postaux.
Un mauvais timing
En réalité, c'est surtout la période choisie pour la mise en valeur de ces deux ustensiles de cuisine qui passe mal. Voici plusieurs mois que le monde politique tonne pour inciter La Poste à se la jouer un peu moins «grand bazar». Conseiller national PLR, Olivier Feller fait partie de ces élus qui demandent à ce que le géant jaune se recentre sur ses mandats de base, fixés par la loi. «Ce nouvel exemple montre bien que la Poste se fiche du débat politique et continue d'étendre son offre», tonne le Vaudois. Il explique avoir déjà vu de la nourriture pour chien dans un office, mais encore jamais des fours à pizza ou des caquelons.
Porte-parole du groupe, Nathalie Dérobert Fellay appelle à la patience. Loin d'être insensible à la critique, la Poste a lancé en avril un projet pilote qui consiste à tester une offre réduite en produits exotiques dans 20 offices. «En tout, environ un cinquième des produits sans affinité avec l'activité de la Poste y sont retirés», note la communicante. Son entreprise ajustera son offre en fonction des résultats de l'expérience. Elle rappelle cependant que la vente de produits tiers rapporte environ 500 millions de francs par an, comblant les 100 millions de déficit annuels du réseau postal.
Reste à voir si une réduction des types d'objets en vente, même modeste, sera une bonne nouvelle pour le personnel. De source syndicale, on nous confie que ceux-ci sont partagés entre le stress des objectifs fixés par la boîte et le sentiment que ces ventes permettent de sauver des emplois.