Luxe: Château cherche châtelain

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LuxeChâteau cherche châtelain

Le domaine de Promenthoux, à Prangins, sera mis une nouvelle fois aux enchères à la mi-septembre, mais la vente s'annonce difficile. Plusieurs châteaux restent sur le marché sans trouver d'acquéreur.

par
Sarah Zeines
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Avec 14 pièces, la superficie intérieure de cette demeure estde 1100 m², sans compter le terrain de 5300 m².

Avec 14 pièces, la superficie intérieure de cette demeure estde 1100 m², sans compter le terrain de 5300 m².

Barnes
Ce manoir de 22 pièces et de 4 étages possède 10 chambres à coucher, 14 salles de bains et 9 hectares d'espace extérieur.

Ce manoir de 22 pièces et de 4 étages possède 10 chambres à coucher, 14 salles de bains et 9 hectares d'espace extérieur.

Knight Frank/Mansion Global
Construite en 1760, cette propriété comporte quelque 27 hectares, ainsi que 30 chambres à coucher.

Construite en 1760, cette propriété comporte quelque 27 hectares, ainsi que 30 chambres à coucher.

Riviera Properties

Qui n'a jamais rêvé de vivre comme un noble, dans une demeure digne des contes de fées? Avec quelques dizaines de millions en poche, ce fantasme peut se réaliser, dans n'importe quel canton de la Suisse romande. La région regorge de domaines historiques, en vente sur les sites des diverses agences immobilières de prestige.

Le dernier en date à s'ajouter aux biens prestigieux en mal de repreneur est le château de Promenthoux, propriété de Prangins (VD), dessiné par Stephen Sauvestre, l'un des architectes de la tour Eiffel. Avec ses arches plongeant dans l'eau et ses fenêtres qui offrent une vue spectaculaire sur le lac, le domaine a tout pour plaire. Il sera pourtant mis aux enchères pour la deuxième fois, le 14 septembre, après un premier échec à la vente au mois de juin. Cette difficulté à trouver un acquéreur plombe de nombreux propriétaires de patrimoine de luxe.

Achats remplis de contraintes

Si Jacques Emery, directeur de Naef Prestige, agence coresponsable de la vente, assure que «cette magnifique maison suscite beaucoup d'intérêt et va, sans aucun doute, trouver un acquéreur lors de la prochaine tentative de vente», la réalité n'est pas aussi rose pour tous. Au moins cinq offres de châteaux sont en ligne depuis des années – ceux de Bavois (VD), de Thielle (BE), de Cottens (FR), de Gingins (VD), ou encore d'Hauteville (VD) – mais ce chiffre serait beaucoup plus élevé, à en croire André Locher, auteur d'un livre sur les quelque 250 châteaux et maisons fortes du pays. «C'est un business compliqué. Hormis les coûts de restauration et d'entretien onéreux, un acheteur n'est pas libre de faire ce qu'il veut avec son acquisition, explique-t-il. La moindre modification de la bâtisse requiert une demande d'autorisation au service du patrimoine concerné.»

Avec de telles contraintes, qui serait susceptible de s'intéresser à l'achat de ces biens? «Actuellement, ce sont surtout de grands architectes, passionnés d'histoire, ou des financiers, avides d'ajouter un objet prestigieux à leur collection, qui font ce genre de dépense, poursuit André Locher. Autrement, la tendance est plutôt à la remise de ces propriétés.»

À noter que tous les cantons ne sont pas logés à la même enseigne. À Genève, par exemple, l'Office du patrimoine et des sites n'est informé de la vente d'un bien historique qu'au moment d'une demande de rénovation. «Nous sommes uniquement concernés par la transformation des édifices», relève Rafaèle Gross, chargée de la communication du département.

Dans le canton de Vaud, chaque étape est accompagnée par l'État, qui peut mettre à disposition du futur acquéreur son expertise. «Les notaires sont tenus de nous informer de la vente d'un bien classé monument historique, explique Laurent Chenu, conservateur cantonal. Le canton peut exercer alors un droit de préemption sur l'édifice. Cela veut dire que le Conseil d'État peut décider d'acheter un château s'il estime qu'il y a un intérêt public à son acquisition.»

Des obligations qui n'empêchent pas les rêveurs de se profiler dans les plus grandes demeures romandes. Michel Colatruglio, chargé de la vente du château d'Hauteville, à Vevey, en sait quelque chose. Alors que l'immense propriété est estimée à 60 millions, sans compter les quelque 30 millions nécessaires à la restauration, le courtier reçoit régulièrement des sollicitations de visite. «Ce n'est pas une perspective de rentabilité qui attire les personnes intéressées, note-t-il. C'est le prestige. Celui qui avait fait construire la demeure, au XVIIIe siècle, avait d'ailleurs fait brûler les attestations de comptes tellement elles étaient élevées.»

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