Hippisme: CHI Genève: la victoire à Pedro Veniss, Guerdat 12e

Le Grand Prix du 56e CHI de Genève fera peut-être date. Tandis que le Brésilien Pedro Veniss, en s'imposant, s'est signalé aux plus hautes sphères du saut d'obstacles, le couple champion olympique Steve Guerdat - Nino des Buissonnets a, quant à lui, tiré sa révérence.

Des adieux que le tandem doré de Greenwich Park a acté à la douzième place, la faute à un refus dans le barrage. «Je m'en veux, j'aurais dû mieux monter, a pesté Steve Guerdat. J'arrive de travers, je prends trop de risques, la distance est trop longue et le cheval n'a pas compris. Pourtant je le connais suffisamment bien pour savoir que je dois me méfier en début de barrage.»

Nino des Buissonnets, hongre selle français de 15 ans qui avait déjà remporté deux fois le Grand Prix de Genève, a ensuite eu droit à des bananes (son péché mignon) ainsi qu'à un hommage appuyé du public de Palexpo et de son cavalier. «C'est un véritable champion qui a marqué son sport. Ce cheval a fait de moi l'homme le plus heureux du monde. Il a rendu nos vies meilleures. Il m'a tant donné durant toutes ces années», a lancé un Guerdat en pleure. «Tu resteras dans mon coeur jusqu'à la fin de mes jours», a conclu le Jurassien en s'adressant à sa monture.

Ce dimanche 11 décembre 2016 restera également dans le coeur de Pedro Veniss (33 ans). Le Brésilien a surpris les favoris sur son épatant Quabri de l'Isle, «mon meilleur ami», a lâché le cavalier basé depuis plus de dix ans en Belgique, où il avait débarqué à l'âge de 18 ans pour apprendre l'équitation chez Nelson Pessoa.

Veniss a devancé de 25 centièmes seulement le Belge Olivier Philippaerts (Legend of Love) et l'Ecossais Scott Brash (Ursula) de 0''41. Janika Sprunger, sur Bonne Chance, a signé avec sa huitième place le meilleur résultat d'une délégation suisse qui a placé quatre de ses sept représentants en barrage (Niklaus Rutschi 14e et Martin Fuchs 16e).

«Je réalise un rêve d'enfant, a poursuivi Pedro Veniss. Je voulais tout essayer dans le barrage. Après mon passage, je me suis isolé dans les écuries avec mon cheval et ma groom et j'ai attendu. Au fur et à mesure, je me suis dit que mon jour était peut-être arrivé...»

Ce jour, c'est le premier aboutissement d'une carrière en forte progression depuis bientôt trois ans. Privé des JO de Londres après avoir perdu son cheval de pointe, le Paulista a, grâce à sa belle-mère, pu acquérir Quabri en mai 2014 en vue des Jeux de Rio. Et il a surtout su le préparer au plus haut niveau, des deux aux cinq étoiles et aux grands championnats.

«Cette histoire a commencé à Calgary en 2015 où j'ai terminé troisième et où j'ai eu la surprise de croiser Sophie (Mottu-Morel, la directrice du CHI) et Alban (Poudret, le directeur sportif) qui m'ont dit que j'étais invité à Genève.» Pour son premier Palexpo, Veniss a pris la huitième place du Grand Prix avec deux parcours sans faute. Puis il est allé aux JO de Rio et a signé la meilleure performance du Brésil (16e), avant de revenir à Genève et d'y remporter sa première victoire majeure.

Sans doute pas la dernière d'ailleurs, compte tenu de la qualité de son Quabri, un selle français de 12 ans fils de Kannan, comme un certain... Nino des Buissonnets. «Oui, pourquoi ne pas chercher à réaliser mes autres rêves d'enfant, à Aix-la-Chappelle et Calgary (ndlr: les deux autres étapes qui forment avec Genève le Grand Chelem)?», s'enthousiasme un Pedro Veniss dont le nom ne dit probablement rien au grand public. Pour l'instant.