Hockey sur glaceChris DiDomenico, le sanguin devenu vegan
Le Canadien a débarqué à FR Gottéron avec l’étiquette d’un joueur difficile à gérer et impulsif. Après trois mois, il est tout l’inverse. Et si tout avait commencé par un changement estival?

- par
- Grégory Beaud

Chris DiDomenico dispute sa première saison à Fribourg
Après la victoire en Coupe de Suisse à Ambri-Piotta, Chris DiDomenico a pris le temps de revenir sur son match. Calmement. Dans son style. Jamais un mot de trop. Peut-être même un ou deux mots de pas assez. Il n’aime pas plus parler que cela et ne s’en cache pas. L’attention des médias? Très peu pour lui. Après avoir terminé son récit, il s’arrête pour revenir sur un aspect un peu différent. «Oui, je me souviens, nous lance-t-il. Nous avions parlé ensemble de mon régime vegan durant cet été. Vous savez quoi? Je continue. Oui, oui. Je vois que vous cela vous surprend, mais moi pas.»
Revenons en-arrière de quelques semaines. En fin d’été, la patinoire fribourgeoise n’était pas encore tout à fait terminée, tout comme la préparation des Dragons. Sur la glace, un nouveau visage intriguait: Chris DiDomenico. Dire que sa réputation le précédait n’avait rien d’une exagération. Fougueux voire ingérable à Langnau, il a tout vécu dans l’Emmental. Héros de la promotion, il avait quitté le club pour jouer en NHL avant de revenir tel l’enfant du pays qu’il était devenu. Comme tout semble être toujours intense avec «DiDo», l’issue de la relation a été compliquée. Un divorce consommé quelques jours après l’annonce de son départ à Fribourg. Vaisselle cassée et règlement de compte par presse interposée ont mis un point final à ce qui était pourtant une belle histoire.
Rendez-vous chez le dentiste
C’est dans ce contexte que Chris DiDomenico est arrivé à Fribourg. En pleine pandémie de coronavirus, qui plus est. Rendez-vous est pris à la fin de l’entraînement pour un café. Expérience faite lors de la dernière Coupe Spengler, le bonhomme ne parle qu’un minimum. La caféine allait-elle aider? «Si vous voulez, on peut faire ça ici», a-t-il lancé en sortie de glace, casque vissé sur la tête et sueur sur les joues. Avec insistance, il est convié au Sport Café après sa douche. «Yeah whatever» (ndlr: peu importe). L’entrain aurait été semblable pour un rendez-vous chez le dentiste.

Après une dizaine de minutes d’un ping-pong verbal convenu sans café ni même un verre d’eau, il tombe (enfin) le masque à l’évocation d’un sujet précis: son nouveau régime alimentaire. Durant l’été, le No 88 des Dragons a en effet décidé de stopper toute consommation de produits d’origine animale. «Comment savez-vous ça?, sourit-il. Vous êtes bien informé. Ma copine avait franchi le pas il y a un certain temps déjà. Le confinement et le fait de toujours manger avec elle m’a convaincu de m’y mettre également.»
La santé au centre
Si les raisons pour devenir vegan sont nombreuses, il ne fait pas dans la philosophie au moment d’expliquer la sienne. «La santé, tranche-t-il. Cela faisait des années que je faisais la même chose. A 31 ans, je me suis dit qu’il s’agissait peut-être d’une bonne opportunité de modifier mon comportement. Dans un premier temps, je ne savais pas si je tiendrais deux jours ou plus (rires). Mais j’ai rapidement pris le pas et je n’y fais plus franchement attention.»
Chris DiDomenico avoue sans hésiter qu’il se sent en meilleure forme. «Je ne me suis jamais senti aussi rapide sur la glace, avait-il détaillé avant les premiers coups de patin. J’espère que cela se verra.» Après 13 rencontres, il compte… 13 points. Avec un tel rythme, il part sur sa meilleure saison en Suisse. Mais il n’y a pas que les points. «Le niveau d’énergie global est bon, remarque-t-il. Je me sens vif et alerte sur la glace. Sur ce point, je n’arrive pas à comparer avec le passé, mais c’est en tout cas une sensation agréable.»
Au quotidien, l’ailier doit donc composer avec cette nouvelle donne. Les repas d’équipes sont adaptés et sa manière de cuisiner est différente. «Mais comme je ne suis pas seul dans ce cas à la maison, c’est plus simple, précise-t-il. Avec ma copine, nous avions déjà une routine auparavant et il ne s’agit là que d’une adaptation pour moi de ce que nous faisions déjà. Rien de bien compliqué.» A l’été, il ne savait pas combien de temps il tiendrait. «On verra, avait-il simplement lancé. Si j’arrête demain, vous ne pourrez pas faire votre article, c’est ça? (Rires)»
Trois mois plus tard, le sujet est toujours actualité. Ce d’autant plus que les promesses estivales sont tenues. Avec un petit bonus en prime. Chris Didomenico n’a pris que quatre pénalités mineures pour huit minutes passées sur le banc des pénalités. Lors de la saison 2018-2019, il avait écopé de près de 175 minutes de punition. Et si le sanguin s’était assagi en devenant vegan? «Je vous laisse tirer les conclusions, moi je n’y pense pas.»