AllemagneChristian Wulff jugé pour avoir accepté 700 euros
Le procès de Christian Wulff s'est ouvert jeudi. L'ex-président allemand encourt une peine de trois ans de prison pour avoir accepté un cadeau de 700 euros.

Christian Wulff et accompagné de ses avocats, Michel Nagel (à gauche) et Bernd Muessig (à droite).
Le premier procès contre un ancien chef d'Etat en Allemagne s'est ouvert jeudi à Hanovre. L'ex-président Christian Wulff doit répondre de trafic d'influence pour avoir indûment accepté le cadeau d'un ami d'une valeur de 700 euros. Il encourt une peine de trois ans de prison.
A peine entamé, le procès a été suspendu après une requête de la défense estimant qu'il y avait eu trop de places réservées aux journalistes dans la salle d'audience. Une horde de journalistes attendaient en effet l'ancien président pour ce procès, aboutissement d'une vaste polémique démarrée fin 2011, mais qui s'est largement dégonflée sur le plan judiciaire.
«Ce n'est pas un jour facile. J'espère balayer la toute dernière accusation qui reste (contre moi), car je me suis toujours comporté convenablement», a déclaré M. Wulff, 54 ans, qui portait ostensiblement la barrette de la croix allemande du mérite au revers de sa veste, à son arrivée.
Révélations des médias
L'affaire avait démarré par des informations dans la presse concernant un prêt aux conditions particulièrement favorables accordé pour l'achat d'un bien immobilier alors qu'il était président du Land de Basse-Saxe de 2003 à 2010.
Les révélations s'étaient ensuite multipliées sur des invitations, privilèges et autres cadeaux dont il aurait été le destinataire. Après avoir longtemps résisté à la tempête médiatique, Christian Wulff avait fini par démissionner en février 2012, après que le parquet de Hanovre eut levé son immunité.
Mais au bout d'un an et demi d'enquête minutieuse, il ne reste plus que cette prévention de «trafic d'influence» pour une note d'hôtel et une visite à la Fête de la bière de Munich en 2008, réglée par son richissime ami, le producteur de cinéma David Gronewold, pour environ 700 euros. La contrepartie aurait été une intervention de M. Wulff en faveur de M. Groenewold lors d'un appel d'offre de Siemens.
La somme peut paraître dérisoire. Certains défenseurs de l'ex-président dénoncent un acharnement contre celui qui fut considéré, avant son accession à la présidence de la République, comme une étoile montante de la CDU, et même comme un rival ou un successeur potentiel pour la chancelière Angela Merkel.
Refus d'un arrangement à l'amiable
La justice allemande a prévu 22 journées d'audiences pour ce procès. Quarante-six témoins seront appelés à la barre d'ici avril 2014.
C'est en fait, M. Wulff, lui-même qui a tenu à ce que le procès ait lieu, convaincu qu'il serait en mesure de prouver son innocence et de laver son honneur. Il a refusé un arrangement amiable proposé par la justice allemande, moyennant une reconnaissance de culpabilité et le paiement de 20'000 euros d'amende.